Trois heures de permanence. Pas un chat. Rien. Au bureau des Verts de Suhl, dont la vitrine a déjà été brisée deux fois, le candidat écologiste aux élections régionales de Thuringe semble désespéré. Manfred Körber voudrait bien s’expliquer sur les ratés de la politique écologiste du gouvernement Scholz. Mais personne ne veut l’écouter.
«Je ne parle pas avec les témoins de Jehovah ni avec les Verts», lui a lancé un passant pendant la campagne. Le parti écolo est une cible, la bête noire des populistes de tout poil qui représentent plus de la moitié de l’électorat dans cette ville proche de la frontière bavaroise. Les Verts, qui devraient perdre tous leurs sièges (tombant sous les 5 % nécessaires pour entrer dans un Parlement en Allemagne), sont accusés d’être une «secte», le «parti des interdictions» ou encore les «faiseurs de guerre» pour être les plus fervents partisans des livraisons d’armes à l’Ukraine.
«Les Verts créent plus de dégâts que l’extrême droite», affirme Sahra Wagenknecht, la nouvelle égérie de la gauche radicale, qui vient tout juste de lancer son parti au début de l’année (BSW). A Suhl, cette candidate fantôme, pur produit médiatique, a réussi son meilleur score aux européennes avec plus de 20 % des voix.
Bataille toxique
Manfred Körber s’attend à un triomphe de l’AfD (Alternative für Deutschland) aux élections régionales qui ont lieu ce dimanche en Thuringe et en Saxe, dans l’ancienne Allemagne communiste. L’extrême droite devrait dépasser le