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«Réarmement démographique» : en Allemagne, la relance nataliste ne porte pas ses fruits

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Malgré une politique familiale menée depuis vingt ans, le pays ne fait toujours pas assez d’enfants. Il fait appel à l’immigration pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre.
Un homme porte un bébé devant une réserve de couches lavables à Heidelberg (Bade-Wurtemberg), en octobre 2022. (Sebastian Gollnow/Dpa. AFP)
par Christophe Bourdoiseau, correspondant à Berlin
publié le 18 janvier 2024 à 5h54

Dans les années 2000, l’Allemagne était encore le plus vieux pays du monde, derrière le Japon. Pour redresser la barre, elle a mené durant vingt ans une politique familiale qui lui a permis de limiter son vieillissement. «Pendant quarante ans, jusque dans les années 2000, nous avions des taux de natalité d’environ 1,3, rappelle Martin Bujard, directeur de recherche sur la fertilité à l’Institut fédéral de recherche démographique. Nous sommes actuellement à 1,46, ce qui signifie près de 100 000 naissances de plus par an. Pour moi, c’est un succès.»

L’Allemagne s’est réveillée en 2004, sous Gerhard Schröder, en lançant une politique nataliste – mot tabou outre-Rhin pour des raisons historiques : on préfère parler de politique familiale. Dans certains Länder, comme la Basse-Saxe ou la Bavière, certains arrondissements étaient entièrement dépourvus de crèches. Les femmes avaient souvent le choix entre la carrière et le foyer. «Nous avons eu un changement de paradigme à partir de 2004, avec un programme massif de construction de crèches», raconte Martin Bujard. La politique des sociaux-démocrates et des écologistes a été poursuivie par Angela Merkel et sa ministre de la Famille, Ursula von der Leyen,