Un silence. Mais très lourd. Quand on pénètre dans un ancien camp de concentration, on est toujours troublé par cette étrange sérénité. Au mémorial de Dora, une dépendance de Buchenwald située à Nordhausen (Thuringe), 20 000 déportés sont morts de maladie ou d’épuisement dans les usines de missiles V2, fusillés, brûlés dans le four crématoire. Un wagon à bestiaux trône à l’entrée du mémorial, en souvenir de cette barbarie.
Même par un beau soleil d’automne, on est glacé. «C’est très dur», lâche le Français Gérard Sirventon venu avec ses deux sœurs visiter le camp où leur père Roger a survécu, un résistant périgourdin arrêté pour trafic d’armes. «Il n’a jamais parlé», «on n’a pas posé de questions», «personne ne l’aurait cru», racontent ses enfants. Après tant d’années, ils se sont enfin décidés à faire ce grand voyage de mémoire avec leurs conjointes et conjoints. «Le travail historique qui est fait ici est exceptionnel. Il faut absolument que cela soit vu par un maximum de personnes. On a croisé beaucoup de groupes scolaires allemands. Mais il faudrait que les écoles du monde entier viennent. C’est notre histoire à tous, un héritage universel», insiste Gérard. «Pour que tout ça ne se reproduise plus jamais», abonde sa sœur Georgette.