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En Allemagne, une difficile introspection sur la corruption

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«European Focus»dossier
Parce que la corruption n’y est pas aussi évidente qu’ailleurs, l’Allemagne a tendance à faire comme si elle n’existait pas à l’intérieur de ses frontières selon le journaliste Christian-Zsolt Varga.
La ministre-présidente du Land Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, Manuela Schwesig, soupçonnée de servir les intérêts russes via une fondation concernant le projet North Stream 2, aux côtés du chancelier Olaf Scholz, à Lubmin le 14 janvier. (John Macdougall/AFP)
par Christian-Zsolt Varga
publié le 9 février 2023 à 16h10

L’été dernier, je discutais avec des journalistes ukrainiens sur la côte baltique allemande, celle-là même où le gazoduc North Stream 2 remonte à la surface dans le village de Lubmin. Rapidement, beaucoup de ceux qui avaient risqué leur vie au Maidan huit ans auparavant, lors de la révolution contre un régime fantoche de Moscou, m’ont demandé pourquoi les Allemands toléraient la corruption endémique dans leur pays. L’Allemagne, un pays corrompu ? L’accusation choquerait probablement nombre de mes concitoyens. Mais cette opinion est assez répandue.

Je ne compte plus les fois où je l’ai entendue en Hongrie lors de conversations avec des journalistes d’investigation. L’implication douteuse de l’industrie automobile allemande dans l’économie hongroise, et l’idée que certains éditeurs allemands ne se sont pas couverts de gloire en préservant leurs anciens actifs médiatiques d’une prise de contrôle par la clique de Viktor Orbán contribuent à cette défiance, tout comme l’opinion selon laquelle Angela Merkel a sacrifié la démocratie hongroise sur l’autel des intérêts économiques allemands.

Bien entendu, en Allemagne, on obtient un rendez-vous médical sans qu’il soit nécessaire de soudoyer son médecin. Mais si les A