Pots-de-vin, corruption, abus de confiance… Herbert Kickl et l’extrême droite autrichienne sont dans la tourmente. Le parquet de Vienne a annoncé ce lundi 29 avril avoir ouvert une enquête pour corruption visant le chef du Parti autrichien de la Liberté (FPÖ). Ces investigations concernent plusieurs responsables de ce parti d’extrême droite pour des faits remontant à leur participation au pouvoir de 2017 à 2019, alors qu’ils menaient la coalition gouvernementale avec les conservateurs.
Herbert Kickl, 55 ans, est accusé d’avoir, en tant que ministre de l’Intérieur, commandé des encarts publicitaires à un important groupe de presse «aux frais de la République d’Autriche». En échange, les médias en question s’étaient engagés à une couverture «favorable au parti», selon le communiqué publié ce lundi soir par le parquet anticorruption (WKStA). Selon les procureurs, l’ex-vice-chancelier Heinz-Christian Strache, alors à la tête du FPÖ, est également ciblé par l’enquête. D’après le journal autrichien Die Presse, les enquêteurs s’intéressent également aux agissements du président du Conseil national Norbert Hofer, de l’ancienne ministre des Affaires sociales Beate Hartinger-Klein, du chef du parti de Styrie Mario Kunasek ainsi que d’anciens employés de haut rang du parti.
Sur la liste des suspects du parquet anticorruption figure également Wolfgang Fellner, journaliste et directeur du groupe de presse tabloïd autrichienne Österreich, qui comprend plusieurs journaux et radios. C’est dans ses journaux que les encarts publicitaires en faveur du parti ont été publiés.
Le FPÖ dénonce une manœuvre pour lui nuire
Ce n’est pas le premier scandale qui touche le parti d’extrême droite autrichien. En 2019, Heinz-Christian Strache avait dû quitter le pouvoir après la diffusion d’une vidéo tournée en caméra cachée sur l’île espagnole d’Ibiza. On le voyait alors en train de proposer des marchés publics contre des financements occultes. A terre après ce scandale, l’extrême droite autrichienne a petit à petit réussi à remonter la pente depuis 2021 grâce au radical Herbert Kickl.
Président du parti depuis le 1er juin, Herbert Kickl s’est fait connaître pour ses déclarations particulièrement hostiles aux réfugiés, à l’Etat de droit ou encore à la liberté de la presse. L’homme est également un fervent opposant à la vaccination obligatoire. Au début de l’année 2022, il avait dénoncé une «attaque gigantesque contre la liberté du peuple en Autriche, une attaque contre la dignité humaine de la population.»
Récit
Sous sa houlette, le parti d’extrême droite a repris des couleurs. Son mouvement est d’ailleurs donné en tête des intentions de vote aux législatives prévues pour fin septembre, avec près de 30 % des voix. Le Parti de la Liberté, fondé en 1956 par d’anciens nazis, devance aujourd’hui nettement les conservateurs du ÖVP - actuellement au gouvernement avec les Verts - comme les sociaux-démocrates.
Face à l’annonce d’une enquête visant ses dirigeants, le FPÖ a dénoncé une manœuvre pour lui nuire, déclarant attendre «avec sérénité» les conclusions de l’enquête. Le parti s’est dit «convaincu à 100 % qu’elle [ndlr : l’enquête] sera classée», dans des déclarations faites à l’agence de presse APA. Selon les procureurs, il n’est pas nécessaire de lever l’immunité des députés Herbert Kickl et Norbert Hofer, qui siègent actuellement au Parlement en tant que députés du FPÖ, car la période présumée du crime n’a «manifestement aucun rapport avec leur activité politique en tant que députés».
L’Autriche est secouée par de multiples affaires de corruption. En octobre 2021, l’ancien chancelier Sebastian Kurz (ÖVP) avait été poussé au départ en raison d’allégations similaires de détournement des fonds publics en vue de s’assurer une couverture élogieuse dans des tabloïds. L’enquête est toujours en cours.