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En Belgique, les autorités enquêtent sur des dizaines d’agressions sexuelles sous soumission chimique

Violences sexuellesdossier
Ces femmes auraient été droguées à leur insu, vraisemblablement par de la kétamine mélangée à leur boisson, en consommant dans des établissements de Courtrai, indique le parquet de Flandre occidentale ce jeudi 27 mars. A minima 41 victimes ont été identifiées entre décembre 2021 et décembre 2024.
Les bars "De Geverfde Vogel" et le "Patron", à Courtrai, le 26 mars 2025. (Nicolas Maeterlinck/Belga. AFP)
publié le 27 mars 2025 à 21h05

La justice belge enquête sur des viols ou agressions sexuelles sous l’effet de drogues dont ont été victimes au moins une quarantaine de femmes ayant fréquenté des cafés et établissements de nuit de Courtrai (nord-ouest), annonce ce jeudi 27 mars le parquet de Flandre occidentale. «Il y a déjà 41 victimes identifiées sur la période allant de décembre 2021 à décembre 2024, et l’enquête se poursuit pour en identifier éventuellement d’autres», a déclaré Griet De Prest, porte-parole du parquet.

Ces femmes auraient été droguées à leur insu, vraisemblablement par de la kétamine mélangée à leur boisson, en consommant dans ces établissements. L’enquête a mené à l’incarcération d’un suspect jeudi, selon la même source.

Il s’agit d’un des trois patrons de cafés considérés comme les principaux protagonistes dans ce dossier. Un second gérant d’établissement devait à son tour être présenté dans la journée au juge d’instruction chargé de l’enquête. Le troisième a été remis en liberté après la série d’interpellations intervenues mardi et mercredi.
Ces hommes sont soupçonnés de «viol», d’«atteinte à l’intégrité sexuelle» et d’«administration intentionnelle de substances nocives ayant entraîné une incapacité», liste le parquet.

Concertation

Les enquêteurs soupçonnent les patrons de cafés d’avoir communiqué ensemble sur la manière d’agresser leurs victimes. «Ils se connaissaient et échangeaient leurs expériences», déclare un autre porte-parole du parquet à la télévision publique flamande VRT. «Il est question de shots d’alcool que les jeunes femmes se voyaient offrir, souvent avec un goût d’amaretto, elles se retrouvaient comme anesthésiées et se réveillaient le lendemain matin dans un lit inconnu ou dans leur propre lit avec des traces évidentes d’abus sexuels», ajoute ce même porte-parole, Tom Janssens.

Interrogé par les députés à la Chambre, le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin a dénoncé des faits «inacceptables». «Les femmes doivent pouvoir sortir en toute sécurité, où elles veulent, quand elles le veulent», affirme ce libéral francophone. Il déplore aussi l’absence de toute «réglementation européenne uniforme» sur la commercialisation de la kétamine. «Si la drogue peut être obtenue facilement et bon marché, il devient plus facile de commettre des délits», poursuit le ministre. La kétamine est un puissant anesthésiant utilisé notamment par les vétérinaires et qui est détourné à des fins stimulantes ou euphorisantes.