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Nationalisme

En Bosnie-Herzégovine, la menace des divisions ethniques plane toujours sur l’école

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Près de vingt-sept ans après la fin de la guerre de Bosnie, les partis nationalistes continuent d’instrumentaliser les cursus et les enseignements dans un Etat miné par les discours communautaristes.
Des élèves et leur professeur dans une salle de classe d'une école de la capitale Sarajevo, en 2012. (David Bathgate/Corbis via Getty Images)
par Louis Seiller, Envoyé spécial à Nova Kasaba
publié le 11 juin 2022 à 11h04

La cloche sonne près d’un virage que prennent des camions fonçant vers la frontière serbe, toute proche. D’un coup, le village assoupi de Nova Kasaba résonne de cris et de rires. Une vague d’enfants sort d’une maison ordinaire, et les frappes de volley s’enchaînent sur le petit terrain de jeu, collé à une mosquée au minaret en pierre et entouré d’un jardin fleuri. «Le centre éducatif de Nova Kasaba accueille 127 élèves qui essayent de défendre la langue bosniaque, explique d’un ton monocorde Vahida Omeragic, la coordinatrice de cette école qui n’a d’école que le nom. Depuis 2014, ces petits combattants courageux luttent pour leur avenir.»

Dans cette vallée de Bosnie orientale, l’accès à l’éducation prend l’allure d’un combat. Car les deux petites maisons où apprennent les élèves de Nova Kasaba sont uniques dans cette région majoritairement peuplée de Bosno-Serbes et où flotte, partout, le drapeau de la Republika Srpska (RS) : les huit classes du centre éducatif n’accueillent que des élèves bosniaques. «Quand ils étaient scolarisés dans les écoles de la RS, la plupart de nos élèves ont rencontré des problèmes avec l’enseignement de la langue et de l’histoire-géographie, raconte Hasan Huseinovic, un jeune professeur d’anglais de 28 ans qui habite à 5 km de l’école. B