Ermin Hondo descend d’un pas sûr le petit chemin qui relie la route goudronnée au bord de la rivière Neretvica, près de Konjic, en Bosnie-Herzégovine. Ce grand gaillard de 29 ans, cheveux de jais et visage souriant, ne glisse pas malgré les graviers qui roulent sur le passage en terre. Il connaît le coin depuis son enfance : là se trouve une piscine naturelle profonde où l’on peut sauter, ici coule une source d’eau potable, cachée sous les fougères. Ermin couve la rivière des yeux, mais il est inquiet. L’entreprise publique d’électricité prévoit de construire quinze petites centrales hydroélectriques sur les 27 kilomètres de la Neretvica. Ce serait un «désastre» pour lui, qui a vu la rivière voisine s’assécher à cause de ces installations.
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Depuis un an et demi, le quasi-trentenaire se mobilise avec les habitants des alentours pour empêcher le lancement des travaux. Jusqu’à décrocher une première victoire d’envergure au début du mois d’août : les permis de construire de deux centrales hydroélectriques sur la Neretvica ont été révoqués, car les investisseurs n’avaient pas de licence énergétique, pourtant obligatoire. Ce succès juridique a été applaudi dans toute la Bosnie, où presque chaque rivière est concernée par un projet d’hydrocentrale – contre lesquels se sont créés une myriade de collectifs locaux.
Le combat des défenseurs de la Neretvica a débuté en mars 2020, lors de la première tentative de travaux. Safet, 53 ans, habitant d’une maison surplombant la rivière et