En résumé :
- Pour la première fois depuis trois ans, la Russie et l’Ukraine se sont retrouvées ailleurs que sur un champ de bataille, pour des pourparlers proposés par Vladimir Poutine le week-end dernier.
- La rencontre s’est tenue ce vendredi midi dans le palais de Dolmabahçe, en présence du secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio.
- Face à l’absence de Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky n’était pas présent lors des pourparlers.
Des pourparlers soldés en moins de deux heures. En l’absence de Vladimir Poutine et de Volodymyr Zelensky, la première rencontre directe entre négociateurs russes et ukrainiens depuis trois ans n’a abouti, vendredi 16 mai, à aucune avancée majeure. La possibilité d’un cessez-le-feu a tout de même été discutée.
Notre analyse
De nouvelles sanctions européennes en préparation. Emmanuel Macron a affirmé vendredi que les Européens continuaient à préparer des sanctions contre la Russie «en coordination» avec les Etats-Unis si Moscou continue de refuser un cessez-le-feu inconditionnel en Ukraine. «Ce qui reste d’actualité, c’est [...] la seule proposition concrète qui a été faite, c’est celle d’un cessez-le-feu inconditionnel», a-t-il expliqué depuis Tirana, après des discussions infructueuses sur ce thème entre Kiev et Moscou à Istanbul.
Trump «compte» échanger avec Moscou «dans les prochaines heures ou prochains jours», selon Macron. Lors d’une conférence de presse donnée à Tirana, en Albanie, en marge du sommet de la Communauté politique européenne (CEP), le président français a affirmé que «le président Trump compte […] organiser des échanges dans les prochaines heures ou les prochains jours avec la partie russe pour pouvoir clarifier ce qui s’est passé et essayer d’avancer». Mais, précise Emmanuel Macron, il revient à Donald Trump «de le confirmer et de le dire».
Macron rappelle son soutien à «un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours». En marge du sommet de la Communauté politique européenne (CEP), Emmanuel Macron a réitéré son soutien à «un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours» en Ukraine. Depuis Tirana, en Albanie, le président français a de nouveau déploré que Vladimir Poutine ait «refusé une réunion bilatérale à haut niveau malgré la réponse positive du président Zelensky».
Des pourparlers au Vatican ? Le nouveau pape Léon XIV a suggéré ce vendredi la tenue de nouvelles négociations de paix entre l’Ukraine et la Russie au Vatican. Selon Politico, le Vatican a qualifié de «tragique» le résultat des discussions qui ont eu lieu à Istanbul cette semaine, après que Vladimir Poutine a refusé de se présenter à des entretiens en face-à-face avec Volodymyr Zelenskyy. «Tout cela est tragique, car nous espérions un processus, certes lent, mais avec une solution pacifique au conflit, et au lieu de cela, nous revenons à la case départ», a déclaré le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican. «Le pape prévoit de mettre le Vatican, le Saint-Siège, à disposition pour une rencontre directe entre les deux parties», a-t-il ajouté.
Kyiv persévère. Après de premiers pourparlers qui ont statué sur un échange de 1 000 prisonniers entre chaque camp, mais échoué sur un accord de cessez-le-feu, la partie ukrainienne insiste : une rencontre Zelensky-Poutine doit être «la prochaine étape». Lors d’une brève intervention face à la presse à Istanbul, le ministre ukrainien de la Défense Roustem Oumerov a déclaré : «Je pense que la prochaine étape serait d’organiser une réunion au niveau des dirigeants». Vladimir Poutine a pourtant refusé ces derniers jours de rencontrer son homologue ukrainien, qui lui avait proposé un échange «en personne» en Turquie.
La délégation ukrainienne va quitter Istanbul. «La délégation ukrainienne quitte Istanbul aujourd’hui», a indiqué une source ukrainienne à nos confrères de l’AFP, quelques heures seulement après l’échec des négociations sur un accord de cessez-le-feu, comme le demandait Kyiv. Quelques heures plus tôt, à l’issue de la première réunion russo-ukrainienne depuis le printemps 2022, la partie ukrainienne indiquait qu’il était «possible» que les pourparlers reprennent dans la journée.
L’ancienne ambassadrice des Etats-Unis en Ukraine critique envers Trump. Bridget Brink connaît bien l’Ukraine : elle y était arrivée en mai 2022, quelques mois après l’invasion russe, et vient de démissionner de son poste d’ambassadrice. Dans un éditorial publié ce vendredi dans le quotidien Detroit Free Press, à la suite des pourparlers entre Russes et Ukrainiens à Istanbul, elle a vertement critiqué la politique du président américain Donald Trump. Elle l’accuse d’avoir privilégié Moscou au détriment de Kyiv. «Depuis le début de l’administration Trump, la politique a consisté à faire pression sur la victime, l’Ukraine, plutôt que sur l’agresseur, la Russie», écrit-elle. Et d’ajouter que si «on laisse Poutine redessiner les frontières, il ne s’arrêtera pas à l’Ukraine».
Le président français fustige la fin de non-recevoir de la Russie. Emmanuel Macron juge «inacceptable» que, «pour la deuxième fois», Moscou ignore de nouveau un appel au cessez-le-feu et ne réponde pas «aux demandes qui ont été faites par les Américains, soutenus par l’Ukraine et les Européens». Le président français s’exprimait à la suite d’un entretien téléphonique avec ses homologues Friedrich Merz, Keir Starmer, Donald Tusk et Donald Trump.
Le négociateur russe «satisfait» des discussions avec l’Ukraine. Avec un échange de 1 000 prisonniers de chaque camp, Vladimir Medinski, le chef de la délégation russe, a exprimé sa satisfaction à l’issue du round de pourparlers avec la délégation ukrainienne. L’échange de 1 000 prisonniers est un des plus larges depuis le début du conflit. D’après le négociateur, la partie russe est ouverte à une reprise des discussions.
Allô Donald ? Après la fin de la réunion entre émissaires ukrainiens et russes, Volodymyr Zelensky, Friedrich Merz, Emmanuel Macron, Keir Starmer et Donald Tusk, réunis à Tirana, se sont entretenus au téléphone avec Donald Trump, a annoncé la présidence ukrainienne.
Vers une reprise ? Une reprise des pourparlers russo-ukrainiens est «possible» vendredi, mais pas encore «prévue» à ce stade, a indiqué à l’AFP la partie ukrainienne à l’issue de la première réunion, vendredi en début d’après-midi. «Il est possible que quelque chose se passe aujourd’hui» mais «pour l’instant, rien n’est prévu», a-t-il dit. «Nos équipes sont prêtes à travailler aussi longtemps que nécessaire», a-t-il ajouté, déplorant une délégation russe «faible», incapable selon lui de «prendre une décision substantielle pour mettre fin à la guerre».
«La réunion est terminée», annonce une source du ministère turc des Affaires étrangères. A peine entamés, déjà terminés. Après moins de deux heures de discussion, émissaires russes et ukrainiens se sont quittés à Istanbul, sans qu’aucun progrès visible n’ait été effectué sur le plan diplomatique.
Exigences russes. Moscou dévoile ses cartes. Selon un responsable ukrainien, «les demandes russes sont déconnectées de la réalité et vont bien au-delà de ce qui a été discuté précédemment. Elles incluent l’exigence d’un abandon des territoires annexés comme condition à un cessez-le-feu, ainsi que d’autres préalables non constructifs.» A l’inverse, ce responsable rappelle que «l’Ukraine est prête à un véritable cessez-le-feu et à des négociations sincères, sans conditions préalables, pour le processus de paix».
Macron aussi veut accroître la pression. Un président français dépité. Depuis Tirana, le chef d’Etat a livré son analyse à propos du flou qui règne à Istanbul. «Les dernières heures ont montré que la Russie n’avait pas envie d’un cessez-le-feu et (que) s’il n’y a pas une pression accrue des Européens et des Américains pour obtenir ce résultat, il ne sera pas spontané», a-t-il dit depuis Tirana.
Zelensky ne relâche pas la pression. Absent des négociations, Volodymyr Zelensky ne les suit pas moins de près, alors qu’il assiste au sommet de la Communauté politique européenne à Tirana. Le président ukrainien demande même à ses alliés occidentaux d’adopter de nouvelles sanctions contre Moscou si ces dernières, à peine entamées, devaient échouer. Demandant «une réaction forte» contre la Russie, il a par ailleurs regretté que Poutine ait eu «peur» de se rendre en Turquie pour ce rendez-vous.
Ankara réclame un cessez-le-feu «dès que possible». Les discussions russo-ukrainiennes aboutiront-elles à un arrêt des combats ? Peu de monde le pense, mais la Turquie veut y croire : «Il est d’une importance cruciale qu’un cessez-le-feu soit mis en œuvre dès que possible», a ainsi exhorté le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan en affirmant que «chaque jour de retard entraîne de nouvelles pertes humaines».
Début des pourparlers entre Russes et Ukrainiens. C’est une première depuis le printemps 2022, quelques semaines après le début de la guerre : les négociateurs russes et ukrainiens se revoient enfin à Istanbul, pour leurs premiers pourparlers de paix directs en plus de trois ans. Le ministre turc des affaires étrangères, Hakan Fidan, a prononcé un discours au début de la réunion.
Les Américains barrés par Moscou ? Un haut responsable ukrainien accuse la Russie de bloquer la participation américaine aux négociations entre Kyiv et Moscou. «Ils exigent littéralement que les Américains ne soient présents à aucune réunion», affirme ce responsable, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. «C’est vraiment de l’arrogance ultime. Personne ne s’y attendait.»
Rubio demande que «le massacre cesse» en Ukraine. «Le massacre doit cesser.» Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio, selon des propos rapportés par une responsable américaine, a exhorté les parties prenantes à ce que les combats sur le front russo-ukrainien s’arrêtent. Lors d’une réunion à Istanbul entre le chef de la diplomatie américaine et ses homologues ukrainien et turc, les trois parties ont «discuté de l’importance de rechercher une issue pacifique à la guerre entre la Russie et l’Ukraine» a indiqué la porte-parole du département d’Etat, Tammy Bruce.