En résumé :
- Rien de «prometteur» ni de «percée» dans les pourparlers selon le Kremlin, mercredi. Des propos qui tranchent avec les «signaux positifs» sortis des pourparlers de paix mardi à Istanbul.
- Joe Biden a discuté mercredi avec Volodymyr Zelensky de moyens supplémentaire pour aider l’armée ukrainienne à «défendre son pays».
- Dans un long réquisitoire, la haute commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, a dénoncé les exactions menées pour l’essentiel par l’armée russe depuis l’invasion du 24 février.
Les Russes seraient en train de se retirer de la centrale de Tchernobyl. Les Russes avaient pris le contrôle du site dès le premier jour de l’invasion, il y a plus d’un mois. D’après un haut responsable du Pentagone, l’armée russe a commencé à se retirer de l’aéroport d’Hostomel, au nord-ouest de Kyiv, et «Tchernobyl est une autre zone où ils commencent à se repositionner, [la] quittant pour aller au Bélarus», a-t-il déclaré à la presse, sous couvert d’anonymat.
La moitié du territoire ukrainien «pollué» par les tirs russes, affirme Kyiv. Les autorités ukrainiennes affirment mercredi qu’environ la moitié du pays avait d’ores et déjà été «polluée» par les munitions utilisées par les forces russes depuis le 24 février. «La superficie totale des zones polluées par les engins explosifs dans le cadre de l’agression russe s’élève à 300 000 kilomètres carrés», a précisé un haut responsable du ministère ukrainien de l’Intérieur. Le chiffre qu’il a donné est impossible à vérifier de source indépendante. «En outre, les démineurs ukrainiens ont désactivé plus de 300 engins explosifs» depuis le début de la guerre, a-t-il ajouté.
Rien de «prometteur» ni de «percée» dans les pourparlers selon le Kremlin. «Pour l’instant, nous ne pouvons pas faire état de quoi que ce soit de très prometteur ou d’une percée quelconque. Il y a beaucoup de travail à accomplir», a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Il a néanmoins qualifié de «positif» le fait que la partie ukrainienne ait «enfin commencé à formuler de façon concrète ses propositions et à les mettre par écrit». «Nous évitons soigneusement de faire des déclarations publiques sur le fond» des sujets faisant l’objet des pourparlers, car «nous croyons que les négociations doivent se dérouler» discrètement, a ajouté Peskov. Ces déclarations tranchent avec celles, beaucoup plus positives, des responsables russes ayant pris part aux discussions qui se sont déroulées mardi à Istanbul.
La France ne voit «pas de percée» dans les négociations de paix. Rien de neuf dans les pourparlers et «pas de nouveauté» dans la situation en Ukraine après les annonces russes de réduction de leur activité militaire dans les environs de Kiev et dans le nord de l’Ukraine, selon le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian. «La guerre continue. Pour l’instant il n’y a à ma connaissance ni percée ni nouveauté», souligne-t-il sur France 24.
Biden évoque avec Zelensky des capacités militaires «supplémentaires». Le président des Etats-Unis a discuté mercredi avec son homologue ukrainien de moyens en plus pour aider l’armée ukrainienne à «défendre son pays», déclare la Maison Blanche. «Les dirigeants ont évoqué la manière dont les Etats-Unis travaillent jour et nuit pour répondre aux principales demandes faites par l’Ukraine en matière d’aide sécuritaire» ainsi que «les efforts persistants fournis par les Etats-Unis avec leurs alliés et partenaires pour identifier les capacités supplémentaires pour aider l’armée ukrainienne à défendre son pays», affirme l’exécutif américain dans un communiqué.
Est-il vrai que les autorités ukrainiennes interdisent aux journalistes la diffusion d’images ? Des lecteurs ont interrogé notre service CheckNews sur plusieurs témoignages de journalistes faisant état de restrictions imposées par les autorités dans la couverture de la guerre en Ukraine. Samedi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ratifié une loi restreignant la diffusion d’informations militaires pendant l’état d’urgence ou la loi martiale en cours. Le même jour, les chaînes d’informations anglo-saxonnes CNN et BBC ont été accusées sur les réseaux sociaux par de nombreux Ukrainiens de servir de «correcteurs» de frappes pour l’armée russe et ainsi «d’aider l’artillerie russe à ajuster leurs tirs sur les cibles en Ukraine», après que ces chaînes ont diffusé en direct les dégâts causés par le bombardement d’un dépôt de carburant à Lviv. Notre article de vérification est à lire ici.
La Slovaquie expulse 35 diplomates russes. La Slovaquie a décidé d’expulser 35 diplomates russes, a annoncé mercredi le ministère des Affaires étrangères, invoquant des informations fournies par les services de renseignement. Cette mesure s’inscrit dans une longue série d’expulsions de diplomates russes par plusieurs Etats membres de l’Union européenne et par les Etats-Unis. L’ambassadeur de la Fédération de Russie a été convoqué au ministère des Affaires étrangères et s’est vu remettre une note annonçant que la Slovaquie «a décidé de réduire le personnel de l’ambassade russe à Bratislava de 35 personnes, indiqué le porte-parole de la diplomatie slovaque Juraj Tomaga. Nous regrettons qu’après les expulsions précédentes de diplomates russes au cours des deux dernières années, la mission diplomatique russe n’a montré aucune intention d’opérer correctement en Slovaquie.»
La réaction de la Société générale aux accusations de RT France. Le média russe a dénoncé ce mercredi le blocage les comptes bancaires de certains employés russes en France. En réaction à ces accusations, la banque a souligné ne pas bloquer «les comptes de ses clients sur le seul critère de nationalité» mais qu’elle se doit d’effectuer des vérifications concernant certains d’entre eux du fait des sanctions. La Société générale «met en œuvre avec diligence les mesures nécessaires afin d’appliquer strictement, dès leur publication, les sanctions internationales», avance-t-elle. Sur TikTok, une Russe qui se présente comme étudiante à Paris, dénonce le blocage de son compte par la Société générale, une manœuvre «xénophobe» selon elle.
Un enquêteur d’Amnesty International dit avoir des preuves d’utilisation de bombes à sous-munitions.
Just returned from several weeks on-the-ground in Ukraine, documenting physical evidence from missile strikes and the use of cluster munitions in unlawful attacks, and interviewing survivors fleeing sieges in the east. Reports to follow. pic.twitter.com/kxiIrTopB9
— Brian Castner (@Brian_Castner) March 30, 2022
Johnson appelle à «intensifier les sanctions» jusqu’à un retrait total. «On ne peut pas attendre du G7 de lever les sanctions juste parce qu’il y a un cessez-le-feu», a déclaré devant une commission parlementaire le Premier ministre britannique, Boris Johnson. Nous devrions continuer d’intensifier les sanctions […] jusqu’à ce que chacun [des soldats russes] soit hors d’Ukraine.» Lors de cette audition devant les responsables des commissions parlementaires, le chef du gouvernement britannique a répété qu’un changement de régime à Moscou n’était «pas l’objectif du gouvernement britannique», ajoutant que Londres cherche à «aider à protéger» les Ukrainiens contre la violence «barbare» des forces russes.
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Michelle Bachelet évoque «des crimes de guerre» et pointe du doigt la Russie. Dans un long réquisitoire, la haute commissaire aux droits de l’homme de l’ONU a dénoncé les exactions menées pour l’essentiel par l’armée russe depuis l’invasion du 24 février. Les attaques indiscriminées et à grande échelle par l’armée russe «pourraient être des crimes de guerre», a lancé Michelle Bachelet devant le Conseil des droits de l’homme, usant du conditionnel par convention, les crimes de guerre devant être prouvés devant un tribunal mais ne faisant guère de doute.
Au moins 200 morts à Irpin depuis le début du conflit. La ville, située dans la banlieue nord-ouest de Kyiv, est le théâtre de féroces combats. «Au moment le plus fort des hostilités, quand il y avait des bombardements toute la journée, les gens ont simplement été enterrés dans les jardins ou encore dans les parcs. Je pense qu’environ 200 ou 300 personnes sont mortes malheureusement», annonce le maire de la ville, Oleksandre Markouchine au cours d’une conférence de presse. Les forces ukrainiennes ont annoncé lundi avoir repris le contrôle de cette localité, aux mains des Russes depuis fin février.
La «neutralité» ukrainienne, le nerf de la paix ? A l’entame du cinquième tour de négociations russo-ukrainiennes, chaque camp avait laissé filtrer quelques signaux d’ouverture. Le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, parlait de «libération» du Donbass et non plus de «dénazification». Le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba, glissait que les conditions d’un «cessez-le-feu stable» pourraient être trouvées. C’est finalement la proposition d’une «neutralité» de l’Ukraine qui a été mise sur la table, comme l’avait déjà suggéré ce week-end le président Volodymyr Zelensky. Une proposition qui oscille, selon les points de vue, entre compromis et compromission. Notre décryptage.
Le chef de l’AIEA en visite dans une centrale nucléaire. Cette visite à Konstantinovka, dans le sud de l’Ukraine, a été effectuée dans le but de mettre en place une «assistance technique» sur fond de craintes d’un accident. «Il est vital d’être sur le terrain pour fournir un soutien efficace en cette période extrêmement difficile», a tweeté Rafael Grossi, le responsable du gendarme onusien du nucléaire. L’AIEA espère désormais pouvoir rapidement envoyer des experts sur place et livrer les équipements nécessaires pour garantir la sécurité des installations. Depuis le début de l’offensive militaire russe il y a plus d’un mois, Rafael Grossi ne cesse de mettre en garde contre les dangers de cette guerre, la première à se dérouler dans un pays doté d’un vaste parc nucléaire, soit 15 réacteurs dans quatre centrales en activités, ainsi que plusieurs dépôts de déchets nucléaires.
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A Marioupol, «Moscou nous punit de ne pas vouloir être Russes». Elle est l’une des villes martyres de la guerre en Ukraine. Depuis le début de l’invasion, l’armée russe ne laisse aucun répit à Marioupol, cité portuaire du sud-est du pays, assiégée et bombardée continuellement par Moscou. Depuis Zaporijia, où les autorités locales ont délocalisé leurs activités, Petro Andriushchenko, conseiller du maire de Marioupol, décrit la situation quasi apocalyptique dans laquelle se trouve sa ville où au moins 5000 personnes ont déjà perdu la vie. Lire notre interview ici.
Volodymyr Zelensky appelle la Norvège à fournir davantage d’énergie à l’Ukraine et l’UE. Le président ukrainien appelle ce mercredi la Norvège, deuxième fournisseur de gaz naturel de l’Union européenne, derrière la Russie, à fournir davantage d’énergie à son pays et à l’UE. Lors d’un discours par visioconférence devant le Storting, le Parlement monocaméral norvégien, Zelensky a aussi estimé que les navires russes «ne devraient pas avoir le droit d’utiliser les ports du monde libre».
RT France dit que des comptes bancaires d’employés russes ont été bloqués. La patronne de la chaîne d’information russe RT France a accusé ce mercredi la Société générale d’avoir bloqué les comptes bancaires de certains employés russes en France. «La banque a bloqué les comptes privés [sur lesquels sont versés] les salaires de plusieurs de nos collaborateurs russes en France», a accusé Xenia Fedorova, sur sa chaîne Telegram en russe. «C’est une véritable discrimination sur la base de la nationalité, la France touche de nouveau le fond», a-t-elle encore estimé. Accusés d’être des instruments de «désinformation» de Moscou, les médias d’Etat russes RT et Sputnik ont été bannis de l’Union européenne après le début de l’offensive russe contre l’Ukraine. L’interdiction de diffusion à la télévision et sur Internet est entrée en vigueur le 2 mars.
Sanctions contre la Russie : près de 100 millions d’euros d’avoirs bancaires gelés en Allemagne. L’Allemagne a gelé près de 100 millions d’euros d’avoirs bancaires d’oligarques russes sur son territoire depuis le début de la guerre en Ukraine, fait savoir ce mercredi le ministère fédéral des Finances. Berlin applique en l’espèce les sanctions contre les oligarques russes et d’autres personnes associées au président russe Vladimir Poutine décidées par l’Union européenne depuis fin février. Depuis l’annonce des différents volets de sanctions visant la Russie en lien avec l’invasion de l’Ukraine, l’Allemagne s’est montrée particulièrement discrète jusqu’ici quant aux actions engagées. Berlin n’a ainsi fait publiquement état d’aucune saisie de biens – propriétés ou bateaux par exemple – à la différence d’autres pays de l’UE.
Un bâtiment de la Croix-Rouge bombardé à Marioupol. Un édifice de l’association d’aide humanitaire a été la cible de bombardements russes à Marioupol, port stratégique assiégé du sud-est de l’Ukraine, affirme ce mercredi une responsable ukrainienne. «Pour l’instant, nous n’avons pas d’informations concernant les victimes», indique Lioudmyla Denissova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien, sans préciser combien de personnes auraient pu se trouver dans le bâtiment au moment des tirs.