En résumé
- Après une visite en Ukraine, le chancelier autrichien Karl Nehammer devient lundi le premier dirigeant européen à se rendre à Moscou depuis le début de l’invasion le 24 février. Il se dit «pessimiste» face à la «logique de guerre» de Poutine.
- «La bataille pour le Donbass durera plusieurs jours, et pendant ces jours nos villes pourraient être complètement détruites», prévient Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Louhansk, dans le Donbass.
- Les ministres des Affaires étrangères de l’UE discutent aujourd’hui à Luxembourg d’un 6e paquet de sanctions contre Moscou, mais l’arrêt des achats de pétrole et de gaz pour cesser de financer l’effort de guerre russe divise les 27.
Guerre en Ukraine: comment le compte Twitter de l’ambassade de Russie en France est devenu un troll ? Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’ambassade de Russie en France enchaîne les tweets provocateurs et reprend les fausses informations de la propagande pro-Kremlin. Une stratégie agressive déjà éprouvée par les ambassades russes d’autres pays. Lire l’intégralité de notre réponse.
L’offensive russe reprend dans le Donbass. L’Ukraine se prépare à affronter de nouvelles offensives de l’armée russe dans l’est et le sud du pays. Alors que les forces envoyées par Moscou vers la capitale Kyiv ont été contraintes de se retirer face aux difficultés rencontrées et à la résistance opposée par les unités ukrainiennes, la prise de l’intégralité du Donbass est devenue l’objectif prioritaire de la Russie. Depuis 2014, seule une partie des deux oblasts (Donetsk et Louhansk) qui forment cette région était contrôlée par les séparatistes prorusses. «Selon nos informations, l’ennemi a presque terminé sa préparation pour un assaut sur l’est. L’attaque aura lieu très prochainement», a prévenu lundi le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandr Motouzianik.
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Europol lance une opération visant les avoirs criminels russes. L’office européen de police Europol lance une opération visant les avoirs des personnes et entreprises russes sanctionnés en raison de la guerre en Ukraine. L’agence, qui siège à La Haye, a baptisé «Oscar» conjointement avec les Etats membres de l’UE, ainsi que les agences Eurojust et Frontex. L’opération vise à «soutenir les enquêtes financières des États membres de l’UE ciblant les avoirs criminels détenus par des personnes physiques et morales sanctionnées en relation avec l’invasion russe de l’Ukraine», déclare Europol dans un communiqué. Elle vise également à «soutenir les enquêtes pénales menées par les États membres concernant le contournement des sanctions commerciales et économiques imposées par l’UE». L’opération Oscar se poursuivra pendant au moins un an et comprend un certain nombre d’enquêtes distinctes, précise Europol.
Un opposant russe critique de l’offensive en Ukraine arrêté. L’un des principaux opposants au Kremlin vivant encore en Russie, Vladimir Kara-Murza, a été arrêté lundi près de son domicile, a annoncé son avocat. «J’ai appris son interpellation il y a moins de 10 minutes, je vais le rejoindre», a déclaré à l’agence de presse Interfax l’avocat Vadim Prokhorov. Les raisons de cette arrestation n’étaient pas connues dans l’immédiat et les autorités n’ont pas fait de déclaration, mais Vladimir Kara-Murza a plusieurs fois critiqué ces derniers jours l’intervention militaire que Moscou mène en Ukraine. Les autorités russes ont récemment renforcé l’arsenal législatif contre les critiques de l’opération militaire. Publier des informations sur l’armée considérées comme fausses par le gouvernement est passible de 15 ans de prison. L’intervention russe s’accompagne d’une répression tous azimuts en Russie, avec l’arrestation de milliers de manifestants, ainsi que la fermeture d’ONG, de médias indépendants et de plusieurs réseaux sociaux.
Paris expulse six espions russes «sous couverture diplomatique». La France expulse six espions russes qui opéraient sous couvert de leur ambassade à Paris et «dont les activités se sont révélées contraires à (ses) intérêts nationaux», indique lundi le ministère des Affaires étrangères. «A la suite d’une très longue enquête, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a mis au jour le dimanche 10 avril une opération clandestine conduite par les services de renseignement russes sur notre territoire. Six agents russes opérant sous couverture diplomatique […] ont été déclarés persona non grata», précise le quai d’Orsay dans un communiqué.
Le chancelier autrichien «pessimiste» face à la «logique de guerre» de Poutine. Il est le premier dirigeant européen à rendre visite à Vladimir Poutine depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le chancelier autrichien Karl Nehammer n’a pas de bonnes nouvelles. «Il ne faut pas se faire d’illusions […]. Le président Poutine est entré massivement dans une logique de guerre et il agit en conséquence», a-t-il déclaré devant des journalistes à l’issue de sa visite. «Il y a peu d’intérêt du côté russe pour une rencontre directe» avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, selon le chancelier. Vladimir Poutine a malgré tout «réitéré sa confiance» dans les pourparlers en Turquie. La dernière session s’était tenue le 29 mars à Istanbul.
L’UE cherche à maintenir son unité sur de nouvelles sanctions. Horrifiés par les exactions imputées aux forces russes en Ukraine, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont commencé lundi à discuter d’un sixième paquet de sanctions contre la Russie, mais le consensus devient de plus en plus difficile à trouver. «Nous avons continué à discuter des sanctions. Mais aucune décision n’a été prise aujourd’hui. Ce n’était pas prévu», déclare le chef de la diplomatie européenne, l’Espagnol Josep Borrell, à l’issue d’une réunion à Luxembourg. La priorité est l’aide militaire, insistent plusieurs ministres. «Les Ukrainiens craignent une offensive massive dans le Donbass (Est). Ils se préparent et nous les aidons. Ce n’est pas un secret», lance Josep Borrell. L’UE a ajouté lundi 500 millions d’euros au milliard déjà débloqué pour financer et livrer des armes à Kiev. «Si ce n’est pas assez, nous en mettrons plus. Mais pour l’instant nous avons beaucoup d’argent à dépenser», résume Josep Borrell, en précisant que la décision devait encore être ratifiée par les parlements de quelques pays.
Biden et Modi ont eu une discussion «franche», mais sans réel rapprochement. Joe Biden et Narendra Modi ont eu un échange virtuel «franc», mais qui ne semble pas avoir permis de rapprocher les positions face à la guerre en Ukraine, un sujet qui déstabilise la relation entre Inde et Etats-Unis. Une haute responsable de la Maison Blanche indique que les deux hommes avaient eu une discussion d’une heure environ, «chaleureuse» mais surtout «franche» - cet adjectif, qui en langage diplomatique traduit une certaine tension, a été utilisé à plusieurs reprises lors de son échange avec des journalistes. «L’Inde prend ses propres décisions», commente-t-elle, en réponse à des questions sur les achats d’énergie russe par l’Inde, ou sur le fait que New Delhi ne s’est pas joint aux votes condamnant Moscou aux Nations unies.
Le chef de la Douma veut déchoir les «traîtres» de leur nationalité. «La vaste majorité de nos concitoyens soutiennent l’opération militaire spéciale en Ukraine, ils comprennent sa nécessité pour la sécurité de notre pays et de notre nation. Mais il y a aussi ceux qui se comportent avec lâcheté, avec traîtrise», déclare le chef de la Douma Viatcheslav Volodine. «Hélas, pour de tels citoyens de la Fédération de Russie, il n’existe pas de procédure de déchéance de la citoyenneté et d’interdiction d’entrer dans notre pays. Mais peut-être que ce serait bien», poursuit-il sur sa chaîne Telegram.
Les forces russes se renforcent dans le Donbass selon le Pentagone. «Nous avons constaté des efforts des Russes pour se réapprovisionner et se renforcer dans le Donbass», déclare à la presse un haut responsable du Pentagone ayant requis l’anonymat, mentionnant notamment une colonne de chars au nord d’Izioum. Le Pentagone estime que cette colonne de chars comprend des éléments de commandement et de contrôle, un bataillon de soutien de maintenance d’hélicoptères et un bataillon de logistique pour l’infanterie, précise-t-il à la presse. Les forces russes se renforcent également au sud-ouest de Donetsk (est), notamment avec de l’artillerie, mais «nous ne considérons pas que la nouvelle offensive a commencé».
Guerre en Ukraine : la croissance du commerce mondial pourrait être divisée par deux. Selon une analyse du Secrétariat de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), la crise devrait ramener la croissance du PIB mondial à un niveau compris entre 3,1 et 3,7 % cette année, tandis que la croissance du commerce mondial devrait s’établir à un taux compris entre 2,4 % et 3 %. En octobre, l’OMC tablait sur une hausse de 4,7 %.
L’ONU veut défendre les enfants ukrainiens. «Il est temps de mettre un terme à cette guerre, les enfants d’Ukraine ne peuvent pas se permettre d’attendre», affirme Manuel Fontaine, directeur des programmes d’urgence de l’Unicef. De retour d’une visite en Ukraine, il met en garde contre le risque de famine. «Sur les 3,2 millions d’enfants qui, selon les estimations, sont restés chez eux, près de la moitié risque de ne pas avoir assez à manger. La situation est pire dans des villes comme Marioupol et Kherson, où les enfants et leurs familles ont maintenant passé des semaines sans eau courante et sans services d’assainissement, sans approvisionnement régulier en nourriture et sans soins médicaux». Mona Juul, ambassadrice de la Norvège à l’ONU, membre non permanent actuellement du Conseil de sécurité, met, elle, l’accent sur l’absence d’éducation scolaire pour de nombreux enfants ukrainiens, du fait de la guerre. «Selon l’ONU, 5,7 millions d’enfants sont touchés par la fermeture des établissements scolaires à l’échelle nationale» en Ukraine. «C’est 5,7 millions d’enfants qui n’avaient pas d’école où aller ce matin. Les écoles sont importantes, non seulement pour l’éducation, mais aussi pour protéger les enfants de la violence, des abus sexuels et même de la traite des êtres humains. Les enfants sont innocents. Toujours. Arrêtez de les tuer. Arrêtez de détruire leur avenir. Arrêtez la guerre !», lance-t-elle.
L’ONU demande des enquêtes sur les violences faites aux femmes. «Nous entendons de plus en plus parler de viols et de violences sexuelles. (…] Ces allégations doivent faire l’objet d’une enquête indépendante pour garantir justice et mise en responsabilité», réclame Sima Bahous, directrice de l’agence onusienne ONU Femmes. «La combinaison des déplacements massifs avec la présence massive de conscrits et de mercenaires, et la brutalité affichée contre les civils ukrainiens, a soulevé tous les drapeaux rouges», s’est aussi alarmée la responsable qui revient d’un voyage dans la région. Elle s’exprime en marge d’une réunion du Conseil de sécurité initiée par les Etats-Unis et l’Albanie.
Josep Borrell accuse la Russie de provoquer des famines. «Ils provoquent la pénurie. Ils bombardent des villes ukrainiennes et provoquent la faim dans le monde», le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell hausse le ton. A l’issue d’une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Luxembourg. Face à l’argumentaire russe accusant les sanctions occidentales, Josep Borrell développe un autre mécanisme. «La Russie sème des bombes dans les champs en Ukraine, les navires de guerre russes bloquent des dizaines de bateaux chargés de blé. Ils provoquent la pénurie. Ils bombardent des villes ukrainiennes et provoquent la faim dans le monde. Donc arrêtez de blâmer les sanctions. C’est l’armée russe qui cause des pénuries alimentaires. Et l’Afrique est une source d’inquiétude majeure parce qu’ils sont particulièrement exposés à la crise alimentaire à venir», explique-t-il.
En Estonie, l’Otan des préparatifs. La neige craque sous les bottes, et le pied s’enfonce avec un bruit de succion dans la boue quand elle a fondu au soleil. Ils sont une dizaine à traverser prudemment le bosquet de pins, guettant le champ verglacé que l’on devine à travers les branches. Un cri retentit ; sur la gauche, plusieurs salves de coups de feu ; un soldat au sol est traîné à l’abri. Puis c’est la pause et chacun refait le match en traçant des schémas tactiques sur la poussière du véhicule garé à côté. Le blessé n’a guère de souci à se faire : la manœuvre du jour était un exercice – une «relève de blessé sous le feu», dans le jargon. Depuis le début de la guerre en Ukraine, la France a renforcé sa présence militaire dans le pays balte qui redoute une invasion par son voisin russe. Une menace encore lointaine, mais qui place les troupes sur le qui-vive. Notre reportage.
La collection russe Morozov, qui s’est achevée dimanche 3 avril à la Fondation Louis Vuitton à Paris, a attiré 1,25 million de visiteurs, un chiffre inférieur au record de celle établie par la collection Chtchoukine mais «exceptionnel» en raison de la crise sanitaire, explique la fondation. C’est la première fois que cette vaste collection, constituée de Van Gogh, Cézanne, Matisse, Monet ou Manet ainsi que d’œuvres de peintres russes comme Malevitch et Répine, sortait de Russie, dans cette ampleur, pour être exposée à l’étranger.
Les séparatistes prorusses affirment avoir conquis la zone portuaire de Marioupol. Le chef des séparatistes prorusses de Donetsk affirme que ses forces avaient conquis entièrement la zone portuaire de la ville stratégique de Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine, assiégée depuis plus d’un mois. «Concernant le port de Marioupol, il est déjà sous notre contrôle», déclare Denis Pouchiline, cité par les agences de presse russes. Le représentant de l’armée séparatiste, Edouard Bassourine, lui, affirme que les derniers défenseurs ukrainiens se concentraient désormais dans les immenses usines «Azovstal» et «Azovmach».
La Finlande, le seul pays prêt à une extension du conflit russo-ukrainien. En Europe, tous sont surpris par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Tous ? non. Un petit pays se prépare depuis 60 ans à cette éventualité. Ses préparatifs sont listés par le Financial Times, traduits par le Courrier International. Le pays dispose ainsi de six mois de carburant et de céréales, de 3 à 10 mois de tous les médicaments d’importation, d’abris antiaériens et d’une des plus grandes armées d’Europe. Le paradis des survivalistes, à lire ici.
«Aujourd’hui sera probablement l’ultime bataille car nos munitions s’épuisent». Sur Facebook la 36e brigade de marine des forces armées ukrainiennes en place à Marioupol, envoie un message terrible. «Nous sommes en train de disparaître lentement […] Ce sera la mort pour certains d’entre nous et la captivité pour les autres», poursuivent-ils. «Pendant plus d’un mois, nous avons combattu sans réapprovisionnement en munitions, sans nourriture, sans eau», faisant «le possible et l’impossible», a encore dit cette unité, ajoutant que «la moitié» de ses membres sont blessés. Pendant plus de 40 jours de combats intenses, «l’ennemi nous a progressivement repoussés […] nous a encerclés et tente maintenant de nous détruire», a-t-elle expliqué, regrettant le manque d’aide «du commandement de l’armée et du président» Volodymyr Zelensky. «Nous avons seulement reçu une fois 50 obus, 20 mines, des missiles antichars NLAW», a déploré la brigade. «Rien d’autre ne nous a été donné […] Il n’y a eu que des promesses non tenues.» Selon Oleksiï Arestovitch, un conseiller de la présidence ukrainienne, «il est désormais impossible de briser le siège de Marioupol par des moyens militaires.»
La rencontre entre Poutine et le chancelier autrichien a commencé. La rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et le chancelier autrichien Karl Nehammer, premier dirigeant européen reçu au Kremlin depuis le début de l’intervention en Ukraine, a commencé. «Ils sont ensemble actuellement dans la résidence de Vladimir Poutine» à Moscou, a-t-il précisé. Karl Nehammer tente d’obtenir des corridors humanitaires pour l’évacuation de l’est du pays.