En résumé :
- Juillet s’annonce comme le mois le plus chaud jamais enregistré sur la planète, préviennent l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations unies et l’observatoire européen Copernicus.
- Les incendies se poursuivent ce jeudi 27 juillet autour du bassin méditerranéen, notamment en Grèce sur les îles de Rhodes, Eubée et Corfou. De fortes rafales de vents prévues dans la journée pourraient attiser les brasiers. En Sicile, la ville de Palerme reste menacée par les flammes.
- En revanche, les violents incendies qui ont ravagé l’Algérie pendant plusieurs jours ont été éteints. Idem dans le sud de la France, où un départ de feu de forêt dans le nord de Marseille mercredi soir a été vite maîtrisé. Le bilan humain est déjà lourd. En Grèce, deux personnes sont mortes mercredi dans un incendie dans le centre du pays, portant le total à cinq victimes dans ce pays. Auxquelles s’ajoutent les 34 morts en Algérie, et trois en Sicile.
Pour Joe Biden, le réchauffement climatique est «une menace existentielle». Des mots forts pour un mal qui l’est encore plus. Le réchauffement climatique est une «menace existentielle», a déclaré ce jeudi Joe Biden, alors que «plus de 100 millions d’Américains» sont confrontés actuellement à des records de chaleur. «Je ne crois pas qu’il soit encore possible pour qui que ce soit de nier l’impact du changement climatique», a martelé le président américain, qui affirme que la chaleur est la première cause de mortalité liée au climat et aux conditions météorologiques aux Etats-Unis.
A Palerme en proie aux flammes : «Personne ne prend au sérieux les mesures décidées pour éviter les feux». Après avoir brûlé pendant la nuit mardi, l’incendie de la décharge de Bellolampo s’est rapidement propagé de la montagne au quartier populaire palermitain de Borgo Nuovo, en Sicile. Malgré les appels, les pompiers débordés n’ont pu intervenir que le soir. Les habitants qui ont dû éteindre le feu avec les moyens du bord. Reportage.
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Au village de Zambujeiro, au Portugal, les habitants ont vécu «un cauchemar». José Chapelas Risado est attablé seul au pub, bière à la main. L’homme fête ses 42 ans aujourd’hui et a sorti sa chemise blanche pour l’occasion. Il a vécu l’incendie comme «un cauchemar». «C’était chaotique. D’abord, le village a été privé d’électricité. J’ai vu la fumée encercler les maisons et les flammes se rapprocher dangereusement à cause de la puissance du vent. J’étais effrayé», raconte-t-il de sa voix grave et posée. Aucune habitation n’a heureusement été touchée par les feux. Avec du recul, «quand on a vu ce qu’il se passait un peu partout en Europe, on savait que ça allait nous arriver», juge l’homme à la barbichette grisonnante. «J’ai grandi avec les incendies. Mais aujourd’hui, à cause du changement climatique, je vois bien que la situation empire», se désole-t-il. Il jette un rapide coup d’œil à ses amis venus célébrer son anniversaire, comme pour s’assurer de leur approbation. «Je suis triste de voir la forêt dans cet état, et savoir que ce n’est pas la dernière fois que l’on vivra cela.» Par notre envoyé spécial, Sascha Garcia.
En Grèce, des évacuations ordonnées après l’explosion d’un entrepôt de munitions près de Volos. Des évacuations de la population ont été ordonnées à Nea Anghialos, une commune proche de Volos (centre-est de la Grèce) après une explosion dans un entrepôt de munitions dont «une partie est en feu», rapporte un porte-parole des pompiers.
En Méditerranée, des feux attisés par des politiques défaillantes. La zone méditerranéenne brûle et cette tragédie a causé en trois jours la mort d’au mois 40 personnes. Les terres asséchées par des températures anormalement élevées flambent comme des aiguilles de pins ; l’air devient irrespirable, alourdi par la chaleur et la fumée des incendies ; la mer n’a jamais été aussi chaude... En cause, un dérèglement climatique d’origine humaine, et un défaut d’anticipation dans des pays pourtant régulièrement exposés à ces tragédies. L’édito d’Alexandra Schwartzbrod.
Près de 700 hectares de forêts brulés en Sicile. Les dommages environnementaux des 338 incendies qui ont ravagé l’île italienne restent encore largement à estimer, mais près de 700 hectares boisés sont partis en fumée, affirme le quotidien italien La Repubblica. La plus grande île de Méditerranée avait enregistré jusqu’à 47,6 °C lundi à Catane. Si les températures sont retombées autout de 30°C-35°C, «une quarantaine» de feux sont encore actifs, précise La Repubblica.
«L’ère de l’ébullition mondiale» a commencé, alerte António Guterres. «Le changement climatique est là. Il est terrifiant. Et c’est juste le début. L’ère du réchauffement climatique est terminée, place à l’ère de l’ébullition mondiale», s’est alarmé le secrétaire général de l’ONU. Entre vagues de chaleur et incendies, «pour de grandes parties de l’Amérique du Nord, de l’Asie, de l’Afrique et de l’Europe, cet été est cruel. Pour la planète entière, c’est un désastre», a poursuivi António Guterres, en rappelant que «la seule surprise» n’est pas l’origine humaine du dérèglement climatique, prouvée de longue date, ni de ses conséquences «tragiques», mais bien «la vitesse du changement». «L’air est irrespirable, la chaleur est insoutenable. Et les niveaux de profits des énergies fossiles et l’inaction climatique sont inacceptables», a-t-il dénoncé, en appelant à l’action immédiate : «Les dirigeants doivent diriger. Assez d’hésitation. Assez d’excuses. Assez d’attente que les autres bougent en premier».
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Juillet 2023 sera le mois plus chaud jamais enregistré sur la planète. Après trois semaines de canicules, de mers en surchauffe et d’incendies dévastateurs, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations unies et l’observatoire européen Copernicus estiment avoir suffisamment de données pour annoncer que juillet 2023 sera «très certainement le mois le plus chaud jamais mesuré», dépassant le précédent record de juillet 2019. «L’action climatique n’est pas un luxe mais une nécessité», a déclaré Petteri Taalas, le secrétaire général de l’OMM, car «les extrêmes météorologiques subis par des millions de personnes en juillet ne sont que la dure réalité du changement climatique et un avant-goût de ce que nous réserve l’avenir». Notre éclairage.
Coup de frayeur au village de Zambujeiro, au Portugal. «Nous avons eu très peur.» Dina se tient derrière le comptoir du seul commerce de Zambujeiro, un pub. Des habitants du village discutent avec un pompier, venu s’abreuver par cette chaleur étouffante. Le temps est couvert, un vent faible souffle sur les hauteurs de Cascais, et la température est plus supportable que l’avant-veille. Le soldat du feu assure que la situation est désormais «sous contrôle» malgré quelques foyers toujours allumés. Mardi 24 juillet au soir, les flammes, exacerbées par le vent, ont atteint le village, forcé à évacuer. Dina, débardeur rose sur le dos et cheveux bouclés tenus vers l’arrière par un serre-tête, raconte avoir eu «très peur». «C’est la première fois que nous avons dû évacuer le village à cause des incendies», relate-t-elle les yeux remplis de larmes. «Heureusement, aucune maison n’a été touchée par les feux», se rassure Dina, grâce au travail de plus de 500 pompiers déployés sur la zone. «Surtout, n’allez pas dans les bois, c’est encore dangereux», met en garde la cinquantenaire. Par notre envoyé spécial, Sascha Garcia.
Les flammes un temps aux portes d’Athènes. D’après Associated Press, des feux de forêt ont atteint brièvement la périphérie d’Athènes ce jeudi. Des hélicoptères, larguant de l’eau, et des pompiers au sol sont intervenus pour éteindre un incendie à Kifissia, au nord de la capitale grecque. L’incendie a été rapidement maîtrisé.
Sur les hauteurs de Cascais, le gris a pris le pas sur le vert. Par notre envoyé spécial au Portugal, Sascha Garcia.
Sur les hauteurs de Cascais, près de Lisbonne, un incendie a ravagé des zones montagneuses, obligeant le petit village de Zambujeiro a évacué. Deux jours plus tard, il ne reste que des cendres à terre et une forte odeur de brûlé dans l’air. @libe pic.twitter.com/4Pn81bezEx
— saSCha (@saschagarcia_) July 27, 2023
À Cascais, près de Lisbonne, les flammes ont marqué le paysage. Sur les routes de montagne menant au petit village de Zambujeiro, les camions de pompier défilent. Mardi, un incendie s’est déclaré en fin de journée aux portes de la commune. Désormais maîtrisé, il laisse derrière lui un paysage désolé. Au milieu d’une forêt luxuriante, des arbres calcinés peinent à tenir debout. Le gris cendré a remplacé la couverture verdoyante de cette zone montagneuse. Il flotte toujours une odeur de brûlé et les pompiers restent aux aguets : tous les foyers n’ont pas encore été totalement maîtrisés. Des sirènes retentissent au loin, signe d’un danger pas totalement écarté. Pourtant, dans le village, la vie a repris son cours : le salon de coiffure est ouvert, tout comme le pub du coin. Par notre envoyé spécial, Sascha Garcia
«Danger extrême» dans six régions grecques, les autorités espèrent éteindre l’incendie de Rhodes d’ici le week-end. Après 10 jours d’incendie à Rhodes, un responsable des pompiers à Rhode espère que «si le vent ne se renforce pas demain, les incendies pourraient s’arrêter demain ou samedi. Mais le feu continue de brûler dans de nombreux endroits du sud».
La vague de chaleur intense s’est abattue sur une grande partie de l’Europe du Sud et de l’Afrique du Nord, faisant des dizaines de victimes et obligeant à des évacuations massives.
Evacuations en Thessalie, dans le centre de la Grèce. Trois vagues d’évacuation ont eu lieu aux premières heures ce jeudi matin, alors que pompiers, policiers, volontaires et habitants de la région de Magnésie ont combattu les flammes toute la nuit. Selon l’agence de presse Athènes-Macédoine, les premières personnes à quitter leur domicile se trouvaient dans la ville de Melissatika, à 1 h 30 du matin.
Non, cette impressionnante photo ne montre pas les incendies en cours en Sicile. Un tweet posté dans la soirée du mardi 25 juillet suggère que l’île est très largement ravagée par les flammes. Il ne colle cependant pas aux observations des systèmes internationaux d’information sur les incendies. Lire l’article de CheckNews.
Aux Canaries, l’incendie est maîtrisé mais 400 hectares ont brûlé. Les pompiers espagnols ont fait savoir dans la nuit de mercredi à jeudi qu’ils étaient parvenus à «stabiliser» un feu de forêt qui a eu le temps de détruire environ 400 hectares sur l’île de Gran Canaria. Des centaines d’habitants avaient été évacués mercredi soir, notamment des dizaines d’enfants menacés dans un camping sur les hauteurs de l’île. Jeudi, les secours ont autorisé les habitants à rentrer chez eux pour évaluer les dégâts et s’occuper de leurs animaux de compagnie.
En Grèce, les habitants ont reçu l’ordre de quitter les environs du centre industriel de Volos et la région de Lamia, en proie aux flammes.
Premiers bilans au Portugal où les flammes sont contenues. Les feux qui menaçaient mercredi la ville de Cascais, très prisée par les habitants de Lisbonne pour se mettre au frais près de la mer, sont désormais contenus mais les pompiers demandent toujours aux conducteurs d’éviter la zone. Sur Sky News, le maire de Cascais a précisé que 90 personnes avaient été évacuées de même que 800 animaux accueillis dans un chenil. Au plus fort du feu, 600 pompiers étaient à pied d’œuvre, aidés de 189 véhicules.
«J’ai vu des gens s’enfuir de leurs maisons et des bâtiments en feu» : un photographe raconte «l’apocalypse» à Palerme. Les feux ont atteint la capitale sicilienne, qui suffoque sous des températures à plus de 45 °C, détruisant des habitations et tuant trois personnes âgées. Francesco Bellina, photographe indépendant présent sur place, raconte à Libération cette situation de ces derniers jours.
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