Macron appelle la Russie «à la raison». Le président français a dénoncé mardi une posture «escalatoire» de la Russie dans la guerre en Ukraine, appelant «à la raison» Vladimir Poutine, qui a signé un décret le jour-même élargissant ses possibilités de recours à l’arme nucléaire. «Je veux ici véritablement appeler la Russie à la raison. Elle a des responsabilités en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies», a indiqué le chef de l’Etat à des journalistes après un sommet du G20 à Rio de Janeiro. «La Russie aujourd’hui est en train de devenir une puissance de déstabilisation mondiale», a-t-il accusé. «Nous souhaitons une paix en 2025», a poursuivi le Président. «Nous avons une approche simple : nous aidons l’Ukraine à résister et nous souhaitons la paix mais pas par capitulation. [...] Quels sont les engagements que les Ukrainiens et les Russes sont-ils prêts à prendre?», a-t-il demandé. «Pour qu’il y ait la paix dans la région, il faut qu’il y ait des garanties de part et d’autre, [notamment] de non-agression», a-t-il ajouté.

Ukraine : la guerre à cran. Après mille jours de conflit, le feu vert donné par Washington à Kyiv pour lancer les missiles à longue portée AtacMS en territoire russe permet au président ukrainien de réaffirmer sa détermination. Quant à L’Europe, elle doit encore traduire ses paroles en actes. L’édito de Dov Alfon.

Mille jours après, l’Union fait la forte. Pour marquer le coup des mille jours d’une guerre déclenchée par l’invasion russe ratée du 24 février 2022, l’Ukraine a frappé mardi le territoire russe avec des missiles américains à longue portée américains ATACMS en visant des cibles militaires dans la région frontalière de Briansk. Et ce, moins de deux jours après que le président américain sortant, Joe Biden, a donné son feu vert à une telle utilisation, jusque-là une ligne infranchissable pour cet allié de Kyiv soucieux d’éviter une escalade. Par Jean Quatremer.

Drones tirés sur l’Ukraine : l’Europe met en doute l’apparente neutralité de la Chine. La Chine a-t-elle franchi la ligne rouge sur la guerre en Ukraine ? Ces derniers jours, plusieurs sources européennes ont mis en garde le régime de Xi Jinping sur la fabrication pour l’armée russe de drones armés chinois dans la région du Xinjiang (ouest de la Chine). Certains ont évoqué des éléments de preuves «concluants», «convaincants» et «crédibles». Un diplomate européen contacté par Libération fait état d’«indications suffisamment claires» allant en ce sens. L’analyse d’Arnaud Vaulerin et Jean Quatremer

Aux Etats-Unis, la diplomatie ukrainienne appelle à «garder la tête froide». Le ministre ukrainien des Affaires étrangères a appelé mardi à «garder la tête» froide face à la révision de la doctrine nucléaire russe, qui élargit la possibilité d’utiliser l’arme atomique. «Leur doctrine nucléaire révisée et leur rhétorique sur l’utilisation des armes nucléaires ne sont rien d’autre que du chantage», a déclaré Andriï Sybiga devant une commission du Congrès américain. «Nous devons garder la tête froide, les idées claires, et ne pas céder à la peur», a-t-il exhorté.

Macron a sollicité Xi Jinping. Réuni avec son homologue chinois au G20, Emmanuel Macron a indiqué avoir appelé Xi Jinping à «peser de tout son poids» auprès de Poutine. «La Chine a un rôle important à jouer pour éviter une escalade nucléaire», a ajouté le président français mardi soir. La Chine, qui prend des allures neutres dans le conflit qui oppose à la Russie à l’Ukraine, reste un partenaire économique de choix pour le Kremlin, dont la fidélité ne s’est pas démentie depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.

La Russie a intercepté des drones ukrainiens. La défense aérienne russe a annoncé avoir intercepté lundi soir des drones tirés par l’armée ukrainienne dans six régions du sud et du centre du pays, sans qu’aucun dommage ni blessé n’ait été relevé. D’autre part, le gouverneur de Voronezh, à la frontière nord-est de l’Ukraine, Aleksandr Gusev, a indiqué que plusieurs drones avaient attaqué une usine alimentaire «strictement destinée aux civils», déclenchant un incendie et une évacuation, sans dommage.

La défense russe a indiqué que les drones avaient été interceptés dans les régions de Koursk, Bryansk, Rostov, Kaluga et Bolgorod, chacune située à la frontière ukraino-russe.

Face à Moscou, Washington ne voit pas de raison d’ajuster sa puissance nucléaire. Après l’annonce retentissante du Kremlin, tôt dans la journée, les Etats-Unis ne bougent pas, enfin pas trop. Le Département d’Etat a indiqué mardi soir qu’il ne voyait pas de raison d’ajuster la puissance nucléaire des Etats-Unis. Néanmoins, le porte-parole de la diplomatie américaine a fait savoir que les Etats-Unis étaient «incroyablement» préoccupés par la guerre hybride menée par la Russie.

Depuis le G20, Erdogan défend le droit de la Russie à se «protéger». Le président turc a estimé mardi à Rio que la Russie était dans une position où elle devait prendre «des mesures pour se protéger», suggérant à l’Otan de lire avec attention le communiqué du Kremlin annonçant l’élargissement de l’utilisation des armes nucléaires publié mardi 19 novembre. Interrogé au sujet de l’autorisation faite à l’Ukraine de d’utiliser des missiles à longue portée contre la Russie, Erdogan a jugé le signal «pas positif».

Keir Starmer dénonce la «rhétorique irresponsable» de la Russie. Le Premier ministre britannique a dénoncé mardi la «rhétorique irresponsable» de la Russie sur sa menace nucléaire en Ukraine. «Il y a une rhétorique irresponsable qui vient de Russie et cela ne va pas nous dissuader de soutenir l’Ukraine», a déclaré le chef du gouvernement britannique lors d’une conférence de presse au G20 à Rio de Janeiro. Commentant l’absence, pour la troisième année consécutive, du président russe au sommet du G20, Keir Starmer a rappelé que Poutine était responsable : «Il est l’auteur de son propre exil, et au millième jour de la guerre illégale de la Russie en Ukraine je [lui] redis : «Mettez fin à la guerre, quittez l’Ukraine.»»

Discours russe sur le nucléaire : les Etats-Unis dénoncent une «rhétorique irresponsable». «Une nouvelle démonstration de la rhétorique irresponsable dont la Russie a fait preuve depuis deux ans.» Par la voix d’un porte-parole du Conseil de sécurité nationale, la Maison blanche a condamné ce mardi la révision de la doctrine nucléaire russe, qui élargit la possibilité d’utiliser l’arme atomique. Les Etats-Unis ont cependant fait savoir que le mouvement opéré par Moscou ne nécessitait pas de revoir la doctrine américaine.

Depuis Kyiv, Volodymyr Zelensky dénonce l’inaction du G20 face au discours russe sur le nucléaire. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé mardi l’absence de réaction des dirigeants du G20 actuellement réunis au Brésil face à la révision de la doctrine nucléaire russe, qui élargit la possibilité d’utiliser l’arme atomique. «Aujourd’hui, les pays du G20 se réunissent au Brésil. Ont-ils dit quelque chose ? Rien», a déploré le dirigeant lors d’une conférence de presse à Kyiv, regrettant l’absence de «stratégie forte» de ces pays.

L’Ukraine autorisée à frapper en Russie : «C’est trop tard et trop peu». Joe Biden a donné dimanche son feu vert à Kyiv pour frapper la région de Koursk avec des missiles balistiques de moyenne portée américains ATACMS. Un feu vert qui intervient mille jours après que la Russie a envahi sa voisine, au mépris du droit international, et qui pourrait ne pas changer grand-chose au cours de la guerre. Lire notre analyse.

En Suède, enquête ouverte après la rupture de câbles télécoms dans la mer Baltique. La police suédoise a ouvert une enquête pour «sabotage», après la rupture de deux câbles télécoms sous-marins en quarante-huit heures dans la mer Baltique, ont annoncé ce mardi la police et le parquet du pays scandinave. La Finlande a également ouvert une enquête, mais uniquement sur la rupture du câble de télécoms reliant ce pays à l’Allemagne. Dans un communiqué, les ministres de la Défense suédois Pål Jonson et le lituanien Laurynas Kasčiūnas se sont déclarés «profondément préoccupés». «Les situations de ce type doivent être évaluées en tenant compte de la menace croissante que représente la Russie dans notre voisinage», ont-ils expliqué.

La Russie et la menace nucléaire. Devant la presse au G20 au Brésil, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a aussi recommandé aux Occidentaux de «lire la totalité» de la nouvelle doctrine nucléaire russe, qui élargit la possibilité pour Moscou de recourir à l’arme atomique en cas d’attaque «massive» par un pays non nucléaire mais soutenu par une puissance nucléaire, faisant clairement référence à l’Ukraine et aux Etats-Unis. «Ce n’est pas la première fois qu’ils [les Russes] agitent la menace d’une escalade nucléaire, ce qui est complètement irresponsable», a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, à l’issue de son dernier conseil des ministres de la Défense à Bruxelles.

L’Ukraine confirme avoir frappé la Russie avec les missiles américains, Moscou hausse le ton. «L’attaque contre la région de Briansk a été menée avec des missiles ATACMS», a déclaré un haut responsable ukrainien auprès de l’AFP ce mardi 19 novembre dans l’après-midi. Interrogé à ce sujet, le président ukrainien Volodymyr Zelensky n’a ni démenti ni confirmé, se bornant à dire que son pays avait des ATACMS à sa disposition et allait «les utiliser». Le chef de la diplomatie russe a de son côté promis une réponse «appropriée» à ces tirs, dénonçant l’implication des Etats-Unis dans ces frappes et y voyant une «nouvelle phase» dans le conflit. Il a affirmé que les ATACMS ne pouvaient pas être tirés par les Ukrainiens «sans l’aide d’experts et d’instructeurs américains» qui fournissent notamment «des données satellitaires, la programmation et le ciblage». Sergueï Lavrov a estimé que ces frappes sur le sol russe étaient «un signal» selon lequel l’Ukraine et les Occidentaux «veulent l’escalade».