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La mort de Navalny «dit la faiblesse du Kremlin et la peur de tout opposant», assène Macron

L’opposant russe Alexeï Navalny est mort en prison, a-t-on appris des agences russes, citant les agences pénitentiaires, ce vendredi 16 février.
Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky à l'Élysée à Paris, le 16 février 2024. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 16 février 2024 à 12h47
(mis à jour le 16 février 2024 à 21h07)

En résumé :

  • L’opposant russe Alexeï Navalny est mort en prison, ont annoncé les agences russes ce vendredi 16 février. Il y purgeait une peine de dix-neuf ans.
  • Début décembre, l’inquiétude était montée d’un cran. Navalny, dont la santé n’a cessé de se détériorer en détention. Il s’était senti mal dans sa cellule : il avait eu des vertiges et s’est allongé sur le sol, et avait dû être placé sous perfusion. Pourtant, il était encore apparu en plutôt bonne santé ce jeudi, en visio, dans le cadre de deux audiences.
  • Immédiatement, et d’une seule voix, la communauté internationale a imputé ce décès au régime autoritaire de Vladimir Poutine. «Dans la Russie d’aujourd’hui, on met les esprits libres au goulag et on les y condamne à mort», a notamment réagi Emmanuel Macron.
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Une manifestation sur la place de la Catalogne, à Barcelone.

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«Navalny était tant de choses que Poutine n’était pas». «Que Dieu bénisse Alexeï Navalny, son courage ne sera pas oublié.» Joe Biden a ainsi salué la mémoire de l’opposant russe, quelques heures après l’annonce de sa disparition, dans une déclaration improvisée à la Maison Blanche. «Il ne fait aucun doute que [sa] mort est la conséquence de ce que Poutine et ses brutes ont fait» à celui qui, «par son courage, ses principes, son engagement à bâtir un état de droit en Russie, était tant de choses que Poutine n’était pas». Mais ce n’était pas là seulement un discours d’élégie et de deuil. L’adresse avait aussi vocation à appeler une fois encore – avec une consternation et une fureur très palpables – les élus républicains de la Chambre des représentants à prendre enfin leurs responsabilités sur le front du soutien économique et militaire nécessaire à l’Ukraine pour se défendre du bellicisme russe. Notre analyse de la prise de parole de Joe est Biden est à lire ici.

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La mort de Navalny «dit la faiblesse du Kremlin et la peur de tout opposant», pour Macron. Le chef d’Etat a de nouveau salué vendredi soir la «mémoire» de l’opposant Alexeï Navalny, dont la mort dans sa prison de l’Arctique dit selon lui «la faiblesse du Kremlin et la peur de tout opposant». «Je pense ce soir à son épouse, à sa famille, lui qui dément le déclin du courage contre lequel nous mettait en garde (Alexandre) Soljenitsyne», a déclaré le chef de l’Etat français depuis l’Elysée, à l’occasion de la signature d’un accord de sécurité avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

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Eric Dupond-Moretti rappelle à Bardella les liens troubles RN-Kremlin.

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Le panneau de l’ambassade de Russie à Washington endommagé.

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A Berlin, l’hommage d’une foule d’exilés russes en colère. La nouvelle était à peine tombée à Berlin, un peu avant 13 heures, que des Russes en exil ont débarqué devant leur ambassade pour manifester leur tristesse et leur colère. «La Russie est un Etat terroriste ! Poutine assassin !» crient les premiers arrivants. A 17 heures, ils étaient plusieurs milliers, si bien que la police a dû barrer l’avenue historique de Berlin, Unter den Linden, afin d’assurer la sécurité autour de la porte de Brandebourg. «Notre manifestation n’est pas un enterrement, crie une oratrice dans le micro devant l’énorme édifice de style stalinien. Navalny, s’il est vraiment mort, continuera de vivre. Le combat continue», ajoute-t-elle. Retrouvez notre reportage sur place, à lire ici.

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Pour les alliés d’Alexeï Navalny, il est «hautement probable» que l’opposant russe ait été tué en prison. Il s’agit d’une déclaration d’Ivan Jdanov, directeur de la Fondation anti-corruption de Navalny, lors d’une émission sur la chaîne YouTube de Navalny, qui ajoute qu’ils ne peuvent pas encore le confirmer de manière indépendante. A son côté, la porte-parole de la fondation, Kira Yarmysh, ajoute que l’avocat de Navalny s’envolera pour la colonie pénitentiaire en Arctique où été emprisonné l’opposant.

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Joe Biden affirme que «Poutine est responsable». Dans une prise de parole, le président des Etats-Unis se dit «scandalisé» par la mort de l’opposant russe, une «voix puissante pour la vérité». Il affirme que le président russe est «responsable». «Nous ne savons pas exactement ce qui s’est passé», a toutefois précisé Biden, lors d’une allocution à la Maison Blanche.

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Pour Amnesty International, «Alexeï Navalny a payé le prix ultime» de son opposition à un «régime oppressif et étouffant». «Choc. Colère. Indignation.» L’organisation de défense des droits humains Amnesty International réagit à son tour à la mort du principal opposant à Vladimir Poutine, «un prisonnier d’opinion» qui s’était «élevé contre un gouvernement répressif». Alexeï Navaly «a payé le prix ultime pour avoir été une voix critique et avoir défendu la liberté d’expression», écrit la secrétaire générale d’Amnesty, Agnès Callamard, dans un communiqué. Exhortant la communauté internationale à prendre «des mesures concrètes pour que tous les responsables rendent des comptes».

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«Les colonies pénitentiaires russes sont des espaces de non-droit.» La mort de l’opposant numéro 1 de Vladimir Poutine survient alors que la machine répressive du Kremlin a atteint un niveau sans précédent dans l’histoire récente du pays, analyse la spécialiste de la Russie post-soviétique Anna Colin Lebedev dans une interview pour Libé. «Il y avait une idée selon laquelle la très grande visibilité de l’opposant, notamment sur la scène internationale, et sa présence continue dans le débat public auraient pu agir comme un espace de protection, mais cela n’a pas été le cas, explique-t-elle. Les colonies pénitentiaires russes sont des espaces de non-droit. Alexeï Navalny ne recevait pas les soins dont il avait besoin et son état de santé s’est dégradé au fil du temps. Sa mort est donc la suite logique du traitement qui lui a été appliqué depuis sa condamnation.»

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A Paris, le rassemblement en hommage à Alexeï Navalny prend forme. Interdiction de rester devant l’ambassade russe. Les policiers, dépêchés pour l’occasion, demandent systématiquement une dispersion, faute de déclaration du rassemblement à la préfecture. Il faut marcher quelques mètres pour tomber sur des dizaines de personnes, rassemblées aux pieds de la statue des rois Pierre Ier de Serbie et Alexandre Ier de Yougoslavie. Aux pieds du monument, un cadre avec la photo du célèbre avocat, principal opposant à Vladimir Poutine. Des roses ont été déposées en sa mémoire. La plupart de ceux venus bravés le froid discutent en russe. S’enlacent. Chantent. Pleurent parfois. Des feutres et des feuilles blanches ont été mises à leur disposition. Un jeune homme s’empare d’un feutre rouge et écrit en lettres capitales «LES HÉROS NE MEURENT PAS». Même après sa mort, Alexeï Navalny restera, pour sûr, le symbole du combat contre Vladimir Poutine.

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A droite, Bellamy convoque «les vieux démons du totalitarisme soviétique». Le chef de file LR pour les européennes cite Soljenitsyne. «Nous sommes beaucoup à qui les camps ont fait comprendre que la trahison, le sacrifice d’êtres bons et démunis était un prix trop élevé, et que notre vie ne le valait pas», écrit-il sur X, après la mort de l’opposant russe.

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La gauche dénonce «un système qui n’autorise pas la contradiction». Ce sont les mots du premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, qui affirme également sur X : «C’est le peuple russe qui est empoisonné par les mensonges d’Etat. C’est le peuple russe qui est emprisonné par son propre président. C’est la démocratie qui est condamnée à mort à quelques jours du vote.» Pierre Jouvet, le porte-parole du PS, s’est exprimé aussi exprimé : «[Navalny] nous a donné une leçon de courage politique que nous devons faire vivre ! Pour lui et pour la démocratie.» Chez les écologistes aussi on s’en prend à Poutine. Pour Sandrine Rousseau «pendant» que le président russe «se répandait complaisamment pendant deux heures dans une interview lunaire, Navalny était en train de mourir. Quelle honte.» «Une mort programmée, voulue, et provoquée, critique de son côté Marie Toussaint, tête de liste des Verts français aux européennes. Les soutiens de Poutine ne peuvent continuer à plastronner : leur aveuglement est coupable.»

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Le Kremlin l’assure, il n’y est pour rien dans la mort de Navalny. La déclaration ne convaincra pas grand monde. Mais ce vendredi, Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine, s’est emporté contre les critiques occidentales qui sont selon lui «absolument inacceptables» : «Il n’y a aucune information sur la cause du décès et pourtant de telles déclarations se succèdent […] Nous considérons que de telles déclarations sont absolument inacceptables.»

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À Paris, une guitare et la foule qui chante. Dans la spontanéité d’un rassemblement non déclaré en hommage à Alexei Navalny, un jeune homme aux cheveux et à la barbe longue a eu la bonne idée de ramener sa guitare. Et de se mettre à chanter, avec des amis, des chansons en russe, les paroles retranscrites sur le téléphone. Rapidement, les personnes recueillies autour de lui se mettent à le suivre, en chœur. Les voix s’époumonent, comme un cri venant du cœur. «C’est une musique racontant l’opposition espagnole contre Franco, mais qui a été transposé en Russie», explique Lev, un jeune russe de 26 ans. Lui est venu paré d’un long manteau pour commémorer la mémoire d’«un héros». Lev, qui vivait à Moscou jusqu’en septembre 2022, se souvient des premières manifestations, galvanisées par Alexeï Navalny, en 2012. «J’y étais, c’était grand, c’était fort. Pour la première fois, une véritable opposition à Poutine venait de naître», raconte-t-il. Lui qui a quitté son pays natal en opposition avec la guerre en Ukraine se dit «très triste» d’avoir perdu un si précieux modèle dans le combat contre Vladimir Poutine. Par Sascha Garcia

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Des hommages sous étroite surveillance à Moscou.

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La mort d’Alexeï Navalny, le prix du courage. Par son combat, Alexeï Navalny nous a rappelé que la lutte contre les despotes était l’affaire de tous, et que la résistance était un devoir. Sa mort orchestrée par Vladimir Poutine doit nous servir d’avertissement.

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Les autorités russes font planer la menace d’une répression en cas de manifestations. Les Russes sont habitués à ne pas pouvoir exprimer haut et fort leur voix en cas de désaccord avec les autorités. Alexeï Navalny en avait d’ailleurs fait les frais, lui qui a fini plusieurs fois en prison pour être descendu dans la rue. A Moscou, les autorités ont déjà fait savoir qu’elles ne dérogeraient pas à la règle : ni rassemblements ni manifestations ne pourront avoir lieu. Le deuil de Navalny devra se faire discrètement, en silence, chacun chez soi, loin des yeux du pouvoir. «L’organisation ou la tenue de rassemblements non autorisés, les appels et la participation à de tels événements constituent une infraction administrative», avertit ainsi le bureau du Parquet général à Moscou, disant «mettre en garde contre toute violation de la loi».

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Au rassemblement de Paris, chants et émotions. Des drapeaux blanc bleu blanc, symbole de l’opposition à la guerre en Ukraine, se mélangent aux pancartes contestataires. Au centre de ce petit monde, une femme russe se met à chanter. Tout le monde l’écoute. Les larmes coulent sur certaines joues. Les applaudissements fusent. Elle ne s’attendait pas à émouvoir autant la foule. «C’est une chanson que je n’arrivais plus à chanter, mais pour Alexeï Navalny, j’étais obligée», raconte Olga Velichkyna, 60 ans, musicologue de métier. «Ce chant russe date du XVIIIe siècle, le pays est alors en guerre contre la Turquie. Il parle d’un jeune homme persécuté qui réussit à s’évader de prison. Mais sans moyen de se cacher, il se jette dans la rivière», explique-t-elle dans un français parfait, les yeux rougis par l’émotion. Par Sascha Garcia

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Anne Hidalgo, si «bouleversée» par la mort de Navalny… qu’elle lui attribue à tort un prix Nobel de la paix. Oups. Comme beaucoup de responsables politiques français, la maire de Paris a réagi à la mort de l’opposant russe dans un message transmis à la presse et publié sur les réseaux sociaux. «Je suis comme beaucoup bouleversée par l’annonce de la mort d’Alexeï Navalny, prix Nobel de la paix, principal opposant russe au régime assassin de Vladimir Poutine», écrit-elle. Problème, l’activiste n’a jamais reçu ce prix, même si son nom a plusieurs fois été cité pour obtenir cette distinction, attribuée par le Comité Nobel norvégien. Anne Hidalgo précise par ailleurs que Paris «rendra hommage» dans les prochains jours à Alexeï Navalny.