«Si la simple constatation du sexe biologique d’une personne est considérée comme criminelle, c’est que la liberté d’expression et d’opinion est gravement menacée en Ecosse», dénonce J.K. Rowling, l’autrice écossaise de la saga Harry Potter.
La romancière, qui multiplie les sorties controversées envers les personnes transgenres ces dernières années, a trouvé une nouvelle occasion d’affirmer qu’«un homme est un homme» avec l’entrée en vigueur d’une loi, le 1er avril, pour renforcer la lutte contre l’incitation à la haine. La législation, porteuse d’espoir pour de nombreuses personnes, protège contre toute discrimination portant sur l’âge, le handicap, la religion, l’orientation sexuelle ou l’identité transgenre.
Dans une série de posts diffusés sur les réseaux sociaux, Rowling a dénoncé ce «Hate Crime and Public Order Act», invitant la police à l’arrêter si d’aventure elle avait tenu des propos offensants. «Il est impossible de décrire précisément ou s’attaquer à la réalité de la violence et de la violence sexuelle commise à l’encontre des femmes […] sauf si on a le droit d’appeler un homme un homme», a poursuivi J.K. Rowling, très virulente sur la protection des droits des femmes qu’elle a souvent opposés à la cause des militants transgenres.
Un débat extrêmement polarisé
Comme elle, les conservateurs, certaines associations féministes et les fervents défenseurs de la liberté d’expression considèrent que la nouvelle loi restreint considérablement la liberté de parole. Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, est du même avis, estimant que nul ne doit être poursuivi pour «énoncer de simples faits sur la biologie». «Nous croyons en la liberté d’expression dans ce pays, et les conservateurs la protégeront toujours», a-t-il déclaré au Daily Telegraph.
J.K. Rowling, mais aussi Margaret Atwood, Salman Rushdie, ou encore Kamel Daoud sont les figures d’un combat qui remonte au moins à 2020, lorsqu’ils avaient signé une tribune dénonçant «l’intolérance envers les points de vue opposés». Près de 150 intellectuels avaient exprimé leur indignation dans Harper’s Magazine contre ce qu’ils considéraient être une entrave à la liberté de parole, après une vague de critiques et un boycott qu’avait subi l’autrice du fait de ses propos jugés transphobes.
Mais pour certaines associations féministes, dans ce pays où le débat sur le genre s’est extrêmement polarisé, le risque porte notamment sur le fait que la nouvelle loi n’inclut pas le sexe féminin comme un groupe victime de haine. Elles craignent que la loi ne desserve les femmes victimes de violences sexuelles et sexistes en cas d’agression par une personne transgenre.
Une «nouvelle vague de haine»
L’Ecosse rejoint l’Angleterre et le Pays de Galles dans lesquels l’incitation à la haine pour motifs raciste, religieux ou relatif à l’orientation sexuelle est interdite. La nouvelle législation vient ainsi compléter d’autres lois en la matière, et vise à faire face à «une nouvelle vague de haine» qui touche la société écossaise, selon le Premier ministre Humza Yousaf. Face aux inquiétudes sur la manière dont la police traitera les plaintes pour haine, il a rassuré en rappelant que depuis plusieurs décennies, les délits haineux notamment raciaux qui sont sanctionnés par la loi de 1986, ont été jugés de manière «très raisonnable» par la police écossaise.
Le vote de cette loi très controversée a rassemblé lundi 1er avril, devant le parlement écossais à Edimbourg, environ 200 détracteurs, menés par l’association Scottish Union for Education, qui lutte également contre le droit à l’avortement et le suicide assisté. Ce débat rappelle celui sur la loi écossaise Gender Recognition Reform, permettant le changement de genre sans avis médical. Adoptée en 2022 par Holyrood, elle avait ensuite été censurée par le gouvernement britannique, jugée incompatible avec les lois sur l’égalité du Royaume-Uni.