«Cela faisait six siècles qu’un roi ne nous avait pas reçus !» Vicente Soto en a les larmes aux yeux. Ce chanteur de flamenco de 71 ans est venu spécialement de Jerez de la Frontera, dans le sud de l’Espagne, pour assister à un grand jour pour sa communauté : dans la prestigieuse salle constitutionnelle du Parlement national, le roi Felipe VI vient d’exprimer la «gratitude» que la société espagnole doit aux Gitans, arrivés dans la péninsule il y a 600 ans, et qui sont désormais un million. Leur histoire a souvent été «celle de la discrimination», a précisé le monarque : «Nous avons une dette envers eux.» De son côté, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a reçu la leader gitane Sara Giménez au palais de la Moncloa.
Peu avant Felipe IV, Juan de Dios Ramirez Heredia, le premier député gitan de la démocratie espagnole qui siégea entre 1977 et 19861, a retracé la trajectoire de ce peuple venu de l’Inde et passé par l’Egypte, accueilli les bras ouverts par le roi Alfonso V, également appelé Alfonso le Magnanime, en janvier 1425, sur son chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle. «Sauf que les belles premières années allaient aboutir à de grandes déconvenues, avec les premières lois anti-gitanes de 14