Rouer de coups une marionnette en plastique représentant un dirigeant politique constitue-t-il un délit d’incitation à la haine ? Ce curieux débat occupe ces jours-ci l’agora médiatique espagnole, quelques jours après un incident survenu en pleine Saint-Sylvestre : le 31 décembre 2023, au moment des douze coups de minuit et alors que l’immense majorité des Espagnols avalaient religieusement leurs rituels raisins devant leur écran de télévision, une poignée d’exaltés se sont échinés à frapper à coups de bâtons une poupée géante représentant le chef du gouvernement socialiste Pedro Sánchez, vêtu d’un smoking et avec une tête énorme à l’expression bébête.
Une fois que ladite marionnette, au départ accrochée à un feu de circulation, est tombée à terre, la meute vitupérante a lancé une salve d’injures, du type : «Il faut en finir avec lui !», «Bolchévique, voici le peuple qui rend sa propre justice !» ou encore : «Communiste de merde, prends ce que tu mérites». La scène s’est déroulée dans le centre de Madrid, rue Ferraz, devant le siège fédéral du Parti socialiste, la formation au pouvoir. Depuis la mi-novembre, chaque soir, des centaines d’extrémistes manifestent en ce lieu et font exploser leur colère contre la loi