«Un pas en avant vers un nouveau projet de pays.» La promesse faite lundi par le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, dans la salle du Liceo, l’opéra de Barcelone, a été ratifiée en Conseil des ministres ce mardi par une décision qui déclenche les passions : une grâce exceptionnelle a été accordée aux neuf dirigeants séparatistes catalans incarcérés depuis trois ans et demi pour «malversation» et «sédition». Autrement dit, les principaux instigateurs du référendum illégal d’octobre 2017, qui purgeaient des peines de prison allant de neuf à treize ans, seront très prochainement libres comme l’air.
En soi, il s’agit d’un tournant crucial du conflit catalan qui a pris naissance en 2010 avec les protestations contre le nouveau statut d’autonomie de cette turbulente région de 7,5 millions d’habitants, dont la moitié de l’électorat est favorable à l’indépendance. Aux yeux de Pedro Sánchez, la grâce qu’il a accordée aux neuf séparatistes est une tentative de solution à ce conflit inextricable dont la question de fond consiste à savoir quelle place singulière peut occuper la Catalogne vis-à-vis de l’Espagne.
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En accordant son pardon aux condamnés, le dirigeant socialiste prend un risque considérable car non seulement une majorité de l’opinion publique y est opposée, mais en outre, sa décision provoque la furie de l’opposition de droite, qui y voit une «humiliation pour les Espagnols», et aussi l’ire des sécessionnistes radicaux, qui jugent cette grâ