Le soir venu, le collège Curoglo de Comrat, dans le sud de la Moldavie, accueille un tout nouveau public. Gheorghe Vlah, 58 ans, lunettes noires, récite avec application les jours de la semaine en roumain, sous le regard approbateur de Maia Slavova. Depuis quelques semaines, ce conseiller municipal fait partie des 800 élèves inscrits aux cours intensifs de roumain, dispensés gratuitement en Gagaouzie.
Le roumain est la langue officielle en Moldavie, mais dans cette région russophone, rares sont ceux qui la maîtrisent. Et pour Maia Slavova, il est temps que cela change. «Aujourd’hui, les Gagaouzes voient la nécessité d’apprendre le roumain pour développer leur région», se félicite l’enseignante native de Comrat. La Gagaouzie, qui compte environ 150 000 habitants, est considérée comme une des régions les plus pauvres de Moldavie. Le programme d’apprentissage du roumain, déployé dans tout le pays, vise à faciliter l’intégration des dites «minorités nationales», soit 23,8% de la population de cette ancienne république soviétique. Les Gagaouzes sont arrivés depuis la Turquie au XIXe siècle, sur des terres octroyées par le tsar russe. Aujourd’hui, ils sont majoritairement russophones, même si le gagaouze, langue turcique, reste enseigné à l’école et parlé dans certaines familles.
«Guerre hybride»
L’initiativ