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Libération
Reportage

En Géorgie, dans les campagnes, la politique «passe au-dessus de la tête»

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Loin des manifestations proeuropéennes contre la loi sur les «influences étrangères» qui secouent Tbilissi depuis plusieurs semaines, nombre de Géorgiens des campagnes, nostalgiques de l’URSS, en proie aux difficultés économiques et imprégnés de propagande, se sentent plus proches de la Russie.
Une touriste chinoise se prend en photo devant la statue de Staline dans le parc du musée qui lui est dédié, dans la ville de Gori. (sadak souici/Libération)
par Paul Boyer, envoyé spécial à Tbilissi et Gori
publié le 26 mai 2024 à 19h30

Sur les hauteurs d’Okami, les dernières maisons sont perchées à flanc de montagne. Accroupi dans ses vignes, Vladimir Leto fait partie de l’une des plus anciennes lignées de vignerons de la région. Dans sa cave, il se livre sur les difficultés financières que sa famille traverse. «Cette récente loi [sur les «influences étrangères», ndlr] je m’en contrefiche, je me concentre sur mes vignes. Les lois, les politiques, ça me passe au-dessus de la tête.» Okami est un bourg de 1 400 habitants situé à quelques dizaines de kilomètres de l’Ossétie du Sud, région séparatiste occupée par les troupes russes depuis la guerre de 2008.

Quelques maisons plus loin, chez Gia Abasi, 62 ans, du lavash – pain géorgien – et du fromage sont minutieusement disposés sur la table. Après un second verre de cognac qu’il confectionne lui-même, il se lance dans une logorrhée sur la loi qui fait trembler le pays depuis des semaines. «J’ai peur que le parti Rêve géorgien [conservateur, actuellement au pouvoir, ndlr] gagne les élections législatives en octobre, les Russes pourraient revenir», dit-il, abattu. La formation majoritaire est dirigée en sous-mai