Son refus n’aura pas suffi à bloquer la loi. Mercredi 2 octobre, la présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, annonçait qu’elle ne ratifierait pas le projet de loi visant à éliminer «la propagande des relations homosexuelles et de l’inceste», votée le 17 septembre par le Parlement du pays (84 voix pour et 0 contre) malgré un boycott des partis d’opposition. La porte-parole de la Présidente précisait qu’elle l’avait «renvoyée au Parlement sans y mettre son veto».
Ce jeudi, le président du Parlement, Shalva Papouachvili, a annoncé avoir malgré tout promulgué la loi, ce qui est en son pouvoir en cas de refus de la présidence. «En conformité avec la Constitution, j’ai signé aujourd’hui la loi sur les valeurs familiales et la protection des mineurs», s’est félicité sur Facebook le chef du parti du Rêve géorgien, très impliqué dans cette loi homophobe qui vise à restreindre la présence et la représentation des personnes LGBT + dans l’espace public.
Le texte interdit «la propagande des relations homosexuelles et de l’inceste»
Shalva Papouachvili avait notamment déclaré vouloir «renforcer les mécanismes de protection des mineurs et les valeurs familiales fondées sur l’union d’une femme et d’un homme». Le texte interdit «la propagande des relations homosexuelles et de l’inceste» dans les établissements d’enseignement et les émissions de télévision, et restreint aussi les «rassemblements et manifestations». Des groupes de défense des droits ont critiqué cette formulation mettant sur le même plan l’inceste et l’homosexualité.
Décryptage
En acceptant un projet de loi aussi répressif, les députés du parti au pouvoir, le Rêve géorgien, marchent dans les pas de la Russie. Depuis dix ans, une législation russe réprime la «propagande LGBT +» et a été depuis considérablement élargie. Moscou a même ajouté ce qu’elle qualifie de «mouvement international LGBT» sur sa liste des entités déclarées «terroristes et extrémistes», même si aucune organisation ne porte ce nom dans le pays.
La présidente géorgienne pro-européenne s’est trouvée en accord avec l’Occident qui a fermement condamné le projet de loi. L’Union européenne avait estimé début septembre qu’il «porte atteinte aux droits fondamentaux des Géorgiens et risque de renforcer la stigmatisation et la discrimination d’une partie de la population».
La Géorgie avait été secouée au printemps par des manifestations massives contre une autre loi, cette fois contre «l’influence étrangère» et elle aussi inspirée d’un texte russe répressif. Le pays est appelé aux urnes le 26 octobre pour des élections législatives vues comme cruciales.