C’est un étrange ballet. Ce mercredi 23 octobre, des centaines de minibus déferlent sans discontinuer dans Tbilissi, se garant tant bien que mal dans les rues de la ville. Les véhicules, venus de toutes les régions du pays, ont été affrétés par le parti au pouvoir Rêve Géorgien, à trois jours des législatives déterminantes pour l’avenir du pays, le 26 octobre. Un scrutin aux allures de référendum sur l’Europe, alors que Rêve Géorgien n’a eu de cesse d’opérer un rapprochement marqué vers Moscou et une dérive autoritaire.
Face à la manifestation de dimanche dernier qui avait rassemblé des milliers de pro-européens à l’appel d’une opposition donnée gagnante dans les sondages, le parti a souhaité exécuter sa propre démonstration de force. Mais cette fois, ces milliers de manifestants, venus de toute la Géorgie, sont pour beaucoup des employés municipaux, ou des bénéficiaires d’aides sociales dont la présence a été requise. Ils n’auraient pas eu le choix, sous la menace de perdre leur emploi ou en échange d’argent, selon des médias géorgiens.
«On nous a dit de venir…»
Certains errent dans la ville, comme dans un autre monde. Les mines sont fermées, les allures semblent sorties d’un film soviétique. Les organisateurs sont là pour les rappeler à l’ordre, leur indiquer la direction de la marche. Tbilissi est quadrillée d’un impressionnant dispositif policier. Des caméras de surveillance ont également été installées aux abords de la manifestation. «On nous a dit de venir…», commence à raconter une manife