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Homophobie

En Géorgie, le parti prorusse au pouvoir adopte une loi anti-LGBT + au nom des «valeurs familiales»

LGBT +dossier
En Géorgie, les députés ont adopté ce mardi 17 septembre un texte visant à limiter les droits des personnes homosexuelles, circonscrivant leurs espaces d’expression et de représentation dans l’espace.
Une manifestation en défense des droits LGBT, le 6 juillet 2021 à Tbilissi. Avec la loi adoptée ce 17 septembre, celle-ci pourrait ne plus être autorisée. (Vano Shlamov /AFP)
publié le 17 septembre 2024 à 17h16

Préserver «les valeurs familiales» et proscrire «la propagande des relations homosexuelles et de l’inceste». La loi plébiscitée mardi 17 septembre par les députés du parti au pouvoir, le Rêve géorgien, va considérablement réduire les espaces d’expression des droits des personnes LGBT +, dans la rue, les écrans et les manuels scolaires. Cela «concerne la diffusion de scènes intimes à la télévision et pendant les projections de films dans les salles de cinéma, ce qui est une pratique courante», avait précisé le président du Parlement, Shalva Papouachvili en juin dernier, alors que le texte était adopté en première lecture. Elle prohibe également les «rassemblements et manifestations» qui font la promotion des relations homosexuelles.

Shalva Papouachvili, le président du parlement géorgien à la tête du Rêve géorgien considère que ce projet de loi permettra de «renforcer les mécanismes de protection des mineurs et les valeurs familiales fondées sur l’union d’une femme et d’un homme». Son parti accuse l’Occident de «saper les valeurs traditionnelles», une rhétorique proche de celle du Kremlin. La Russie a d’ailleurs adopté une loi comparable en mars 2024, renforçant des mesures déjà très restrictives à l’encontre des personnes LGBT.

Boycott de l’opposition et dénonciations européenne et américaine

De leur côté, les partis de l’opposition ont contesté le projet, allant jusqu’à boycotter le vote, qui met d’ailleurs en péril leur parcours d’adhésion à l’Union européenne. Conséquence de cette abstention, la loi a été adoptée à 84 voix pour et 0 contre, votée unanimement par les membres de Rêve géorgien. Les dissensions vont au-delà du Parlement, puisque des groupes de défenseurs des droits ont aussi déploré la mise en application de ce texte, critiquant notamment ce rapprochement entre «homosexualité» et «inceste».

L’Union européenne a aussi fermement condamné le projet, soulignant le fait qu’il «porte atteinte aux droits fondamentaux des Géorgiens et risque de renforcer la stigmatisation et la discrimination d’une partie de la population». Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrel a appelé ce mercredi le pays à revenir sur cette loi, qui «éloigne encore» le pays de sa possible adhésion à l’UE. Dans leur sillage, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a déploré «les violations des droits humains et les actions antidémocratiques en Géorgie». Les Etats-Unis avaient déjà mis en place des sanctions dès le lundi à l’encontre de plus de 60 géorgiens et leur famille, «responsables ou complices de l’affaiblissement de la démocratie» dans leur pays, leur imposant des restrictions de visa.

Après la Russie, la Hongrie, et la Bulgarie, la Géorgie emprunte à son tour un virage politique conservateur et homophobe. L’adoption de ce texte intervient à quelques semaines des élections, prévues le 26 octobre prochain, et risque de renforcer l’instabilité du pays, déjà agité par un projet de loi sur les influences étrangères en mai dernier. En outre, le pays avait entamé un processus d’adhésion à l’Union européenne, mais celle-ci l’avait interrompu l’été dernier en attendant de la part de la Géorgie un changement de politique. Les mesures anti-LGBT + adoptées par la Géorgie ne risquent pas de jouer en sa faveur.

Mise à jour : ce mercredi 18 septembre à 11h46, avec l’ajout de la déclaration du chef de la diplomatie européenne Josep Borrel.