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Libération
Répression

En Géorgie, un chef de l’opposition battu et arrêté avant une septième nuit de manifestations

Selon des images diffusées à la télévision, le leader d’un parti d’opposition géorgien a été battu et arrêté ce mercredi 4 décembre par des policiers. Ses alliés dénoncent la répression des autorités.
Nika Gvaramia, le leader du parti d’opposition Akhali, à Tbilissi, le 17 novembre. (Sputnik/ABACA)
publié le 4 décembre 2024 à 16h18

Avant une septième nuit prévue de manifestations contre le pouvoir en Géorgie, les autorités font monter la pression. Des policiers encagoulés ont battu et arrêté ce mercredi 4 décembre Nika Gvaramia, le leader du parti d’opposition Akhali, lors d’une descente dans les bureaux de Droa, un autre parti allié, selon des images diffusées en direct par la chaîne de télévision indépendante Pirveli.

Le principal parti d’opposition géorgien, le Mouvement national uni (MNU) de l’ex-président emprisonné Mikhaïl Saakachvili, accuse les autorités d’avoir «lancé une campagne de terreur et de répression tous azimuts contre les opposants». Il a fait état de perquisitions visant ses propres bureaux et affirme que la police a confisqué téléphones et ordinateurs portables, ainsi que bloqué l’accès aux bureaux des jeunes du MNU. «Ces raids violents visent à intimider la population et à réprimer les manifestations», dénonce le parti dans un communiqué.

Canon à eau contre feux d’artifice

Les manifestations à Tbilissi, émaillées de violences, ont éclaté jeudi 28 novembre après l’annonce par le pouvoir du report à 2028 des ambitions de cette ex-république soviétique du Caucase d’intégrer l’UE. Ce choix a mis le feu aux poudres dans un climat politique déjà tendu. Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, est accusé de dérive autoritaire prorusse et l’opposition assure qu’il a truqué les élections législatives de fin octobre. Ses résultats ont aussi été remis en question par des pays occidentaux. Des élus d’opposition ont refusé de siéger au Parlement nouvellement élu, dénoncé comme «illégitime» par les manifestants et des experts.

Depuis la semaine dernière, des dizaines de milliers de personnes arborant des drapeaux européens et géorgiens sont descendues chaque soir dans les rues de la capitale Tbilissi, et d’autres villes de ce pays niché sur les rives de la mer Noire. Mardi 3 décembre au soir, des affrontements ont encore eu lieu entre la police, qui a utilisé un canon à eau et du gaz lacrymogène à profusion, et des protestataires qui lançaient des feux d’artifice dans leur direction. «Onze manifestants, trois journalistes et un policier ont dû être hospitalisés après ces heurts», a précisé le ministère de la Santé.

«Acte de torture»

Le commissaire géorgien aux droits humains, Levan Ioseliani, accuse la police de violenter les manifestants «de façon punitive», ce qui constitue «un acte de torture». Ce défenseur public dit avoir rendu visite à des protestataires détenus et blessés, constatant avec inquiétude que la majorité d’entre eux étaient gravement atteints à la tête ou aux yeux. Quelque 293 personnes ont été placées en détention depuis le début du mouvement, a annoncé le ministère de l’Intérieur mardi soir, et 143 policiers ont été blessés.

Le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidzé a, pour l’heure, adopté une ligne dure, menaçant l’opposition et refusant toute concession. Ce mercredi, il a promis à nouveau de réprimer «l’opposition radicale» et des ONG qui, selon lui, organisent des «actions violentes» et tentent de déstabiliser le pays. «Personne n’échappera à ses responsabilités», a-t-il averti.

La veille, il avait assuré que les Géorgiens l’avaient «mal compris» et que l’intégration européenne «progressait», en dépit du report qu’il a lui-même annoncé. Irakli Kobakhidzé a aussi déclaré, sans preuve, que les manifestations étaient le fruit d’une manipulation organisée de l’étranger.