Vendredi 23 juin, l’ancien Premier ministre de droite Kyriakos Mitsotakis et son principal rival de gauche, Alexis Tsipras, ont mis fin à leur campagne. Le destin du pays est désormais entre les mains des Grecs qui devront élire, dimanche, leurs députés. Ils commencent à avoir l’habitude : c’est la deuxième fois en cinq semaines qu’ils sont appelés aux urnes.
Le 21 mai, la Grèce votait déjà pour composer son Parlement. Grand favori des sondages, Kyriakos Mitsotakis l’avait remporté largement en s’adjugeant 40,8 % des suffrages. Le double de l’ancien Premier ministre de la gauche radicale, Alexis Tsipras (2015-2019). Un résultat pourtant insuffisant qui ne lui assurait que 146 des 300 sièges de députés. Cinq de moins que les 151 nécessaires pour pouvoir former un gouvernement sans devoir nouer d’alliance.
A lire aussi
Issu d’une grande famille de responsables politiques, le dirigeant des conservateurs de Nouvelle Démocratie (ND), âgé de 55 ans, avait alors exclu de former une coalition et réclamé de nouvelles élections. Voilà pourquoi les Grecs retournent aux urnes ce week-end.
Kyriakos Mitsotakis peut rêver de majorité absolue
«Dimanche soir, le pays aura un gouvernement stable avec une Nouvelle Démocratie forte à sa tête», assure Kyriakos Mitsotakis à longueur de meeting, confiant de pouvoir faire mieux qu’un mois auparavant. Les tout derniers sondages lui accordent cette fois-ci entre 38,5 % et 45 % des intentions de vote. Pour Alexis Tsipras et son parti le Syriza, après le revers cinglant du 21 mai (20,07 % des suffrages exprimés, soit une chute de 11,5 points par rapport à 2019), le recul pourrait encore s’accentuer. Les pronostics le situent à entre 16,8 % et 20 %, suivi des socialistes Pasok-Kinal (11 % à 12 %).
A lire aussi
Kyriakos Mitsotakis, remplacé par un Premier ministre intérimaire en attendant les élections de dimanche, peut néanmoins rêver de majorité absolue : le mode de scrutin est cette fois-ci différent, accordant au parti vainqueur une prime allant jusqu’à 50 sièges.
L’ancien étudiant d’Harvard a cherché ces derniers jours à remobiliser les foules qui, par lassitude, pourraient être tentées de ne pas se déplacer dans les bureaux de vote. Autre inquiétude éventuelle pour le camp conservateur : l’émiettement des voix à l’extrême droite où deux à trois petits partis pourraient envoyer des députés siéger en dépassant le seuil des 3 %. Or le nombre de partis représentés au Parlement aura arithmétiquement des répercussions sur le nombre de sièges qu’obtiendra la ND.
Politique migratoire controversée
Parmi ces petites formations susceptibles de compliquer la tâche de Kyriakos Mitsotakis figure «les Spartiates», soutenu par un ancien haut responsable du parti néo-nazi Aube dorée, Ilias Kassidiaris, qui purge actuellement une lourde peine de prison. L’ancien porte-parole d’Aube dorée s’était vu interdire de participer aux élections par la Cour suprême mais il a continué de mener des activités politiques depuis sa cellule.
La campagne électorale a aussi été assombrie par le naufrage, le 14 juin, d’une embarcation de migrants au large de Pylos dans le Péloponnèse, l’un des pires drames migratoires en Méditerranée. Les circonstances exactes du naufrage d’un chalutier avec jusqu’à 750 personnes à bord, selon certains rescapés, ont soulevé de nombreuses interrogations.
A lire aussi
Les garde-côtes grecs, en particulier, ont été pointés du doigt pour avoir tardé à intervenir alors que le bateau était vétuste et surchargé. Kyriakos Mitsotakis, qui a mené une politique migratoire controversée ces quatre dernières années marquée par des accusations, toujours démenties, de refoulements vers la Turquie, a assuré disposer du soutien de la majorité de la population pour mener une politique «juste mais stricte» en matière d’asile.