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«Peut-être voulais-je résoudre ce sentiment de perte en documentant le lieu de mon enfance, doté d’une nature merveilleuse, que les gens quittent sans cesse.» Maria Gutu, photographe moldave, a pris le contre-vent de la jeunesse de son pays : elle y est restée. Maria Gutu

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EN IMAGES - Dans les campagnes moldaves, ceux qui restent

Maria Gutu photographie avec poésie les visages de cette ancienne république soviétique. Sa série «Homeland» est exposée jusqu’au 20 septembre à la galerie Leica à Paris.
ParTess Raimbeau
photos Maria Gutu
publié le 17 septembre 2025 à 17h19
«Peut-être voulais-je résoudre ce sentiment de perte en documentant le lieu de mon enfance, doté d’une nature merveilleuse, que les gens quittent sans cesse.» Maria Gutu, photographe moldave, a pris le contre-vent de la jeunesse de son pays : elle y est restée.
Maria Gutu
Dans cet ex-république soviétique, la principale stratégie de survie face à la pauvreté est l’exode.
Maria Gutu
En trente ans, le pays a perdu 40% de sa population.
Maria Gutu
Coincée entre ses influentes voisines ukrainiennes et roumaines, la petite république à l’économie encore chancelante est elle aussi tiraillée entre un désir d’Union européenne et le retour vers une tutelle russe, enjeux qui teintent la campagne des législatives à venir, le 28 septembre.
Maria Gutu
Maria Gutu, née en 1996, a grandi dans le nord du pays, dans des paysages encore très agricoles.
Maria Gutu
La photographe s’attache à documenter avec poésie les visages des habitants de cette douceur rurale, ceux qui sont restés, ceux qui sont revenus.
Maria Gutu
«Homeland», sa série de portraits au moyen format, débutée en 2019 et pour laquelle elle a remporté le prix Newcomer Leica Oskar-Barnack, est exposée jusqu’au samedi 20 septembre à la galerie Leica à Paris.
Maria Gutu
Maria Gutu : «Le projet Homeland explore les liens entre les habitants du nord de la république de Moldavie et les paysages qui les entourent.»
Maria Gutu
«Je photographie beaucoup d'adolescents, d'enfants et d'adultes qui ont quitté le pays et sont revenus, certains adolescents ont émigré avec leurs parents pendant le projet, d'autres ont encore leurs parents à l'étranger.»
Maria Gutu
«Je me demande pourquoi les gens partent alors que le paysage est si incroyable ici, et je m'interroge sur la signification de la patrie pour moi et pour ceux qui sont partis.»
Maria Gutu
«Utilisant principalement des films noir et blanc de moyen format, j'examine les échanges personnels et universels que l'on trouve dans les portraits contemporains, tout en m'inspirant des maîtres du portrait ancien tels que August Sander, Diane Arbus, Rosalind Fox Solomon et Peter Hujar.»
Maria Gutu
«Je développe les films dans ma cuisine lorsque j'ai les produits chimiques nécessaires, ou dans un laboratoire à Chisinau. J'adore les scanner moi-même.»
Maria Gutu
«Mon processus créatif est presque intuitif ; je n'utilise que la lumière naturelle dans mes portraits et mes paysages.»
Maria Gutu
«Mon travail est une quête poétique de mes racines, d'un foyer dont la signification ne cesse d'évoluer. Quand j'étais enfant, mes parents sont partis travailler à l'étranger et j'ai passé du temps avec mes grands-parents. Puis, à cause de mes études à Chisinau, je suis si peu retournée chez moi que j'ai voulu passer plus de temps à le documenter, à vivre ce qui m'avait manqué : mon foyer, ma famille.»
Maria Gutu