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Libération
Gerbes de feu

En Islande, une éruption volcanique fissure le sol sur 4 kilomètres de long

L’éruption «considérable», située sur la péninsule de Reykjanes, a commencé lundi 18 décembre à la suite d’un tremblement de terre.
L'éruption, qui a eu lieu à 3 kilomètres du village de Grindavík, dans la nuit du 18 au 19 décembre 2023. (Icelandic Coast Guard/AFP)
publié le 19 décembre 2023 à 13h19

La forte activité sismique ces dernières semaines laissait présager une éruption volcanique. Elle est survenue dans la nuit de lundi 18 à mardi 19 décembre en Islande, avec une puissance qui paraissait décliner, dans un secteur situé au sud de Reykjavik, a annoncé l’Institut météorologique islandais (IMO). Un tremblement de terre avait eu lieu à 21 heures (heure locale), avait-il indiqué auparavant. «Nos pensées vont […] à la population locale [de Grindavík], nous espérons le meilleur, mais il est clair qu’il s’agit d’une éruption considérable», a écrit sur Facebook la cheffe du gouvernement islandais, Katrín Jakobsdóttir.

«Que l’activité diminue déjà n’est pas une indication sur la durée de l’éruption, mais plutôt sur le fait que l’éruption se stabilise», ajoute l’IMO, relevant qu’une tendance similaire avait été observée au début des éruptions précédentes sur la péninsule de Reykjanes. La fissure mesure environ 4 kilomètres de long, a précisé l’Institut, qui doit mettre à jour son analyse dans la matinée. L’IMO l’avait auparavant estimée à environ 2,8 km, trois fois plus importante que lors de la dernière éruption, l’été dernier.

Cette nouvelle éruption, la quatrième en deux ans, a eu lieu à 3 kilomètres d’un village de 4 000 habitants, Grindavík, évacué depuis le 11 novembre après la déclaration de l’état d’urgence dans la région après des centaines de séismes provoqués par le déplacement du magma sous la croûte terrestre, un signe potentiellement avant-coureur d’une éruption volcanique. «Aucun pays n’est mieux préparé aux catastrophes naturelles que l’Islande», avait alors affirmé la Première ministre le 18 novembre lors d’une conférence de presse. Selon l’IMO, le code couleur de l’aviation était passé au rouge, avant de rapidement repasser à l’orange en l’absence de nuage de cendres.

Attractions touristiques majeures

Toutes les routes autour de Grindavík sont fermées et doivent le rester au cours des prochains jours, a de son côté annoncé la police sur Facebook, précisant que la population ne court aucun danger en l’état actuel. «Pour le moment, il n’y a aucune perturbation aux arrivées ou aux départs à l’aéroport de Keflavík», a précisé durant la nuit sur son site Internet l’exploitant des aéroports islandais Isavia, le trafic étant relativement faible à cette heure tardive. Une grève des contrôleurs aériens prévue ce mardi devrait cependant avoir quelques incidences pour de nombreux voyageurs.

En 2021, 2022 et en juillet 2023, les éruptions volcaniques, dans un secteur inhabité des environs, étaient devenues des attractions touristiques majeures, attirant près de 680 000 visiteurs, selon l’Office du tourisme islandais. Mais le chef de la protection civile et de la gestion des urgences en Islande, Vídir Reynisson, a prévenu que cette nouvelle éruption «n’est pas une éruption touristique et vous devez l’observer de très loin», à la télévision publique locale RUV.

En octobre, des signes d’un gonflement du sol avaient été détectés près du «Lagon bleu», célèbres bains chauds aux eaux turquoise très prisés des touristes. Le site avait partiellement rouvert dimanche.

Trente-trois systèmes volcaniques considérés comme actifs

Jusqu’en mars 2021, la péninsule de Reykjanes, au sud de la capitale Reykjavik, avait pourtant été épargnée par les éruptions pendant huit siècles. Mais d’après les scientifiques, le nouveau cycle qui a depuis démarré dans la péninsule pourrait durer des dizaines années.

Trente-trois systèmes volcaniques sont considérés comme actifs dans ce pays de feu et de glace, région la plus volcanique d’Europe. Dans la nuit, des images des médias locaux, dont les caméras sont installées à proximité du volcan depuis des semaines, ont montré la lave orange incandescente jaillissant vigoureusement d’une fissure.

En 2010, le volcan Eyjafjallajökull, dans le sud de l’île, avait été à l’origine de la plus forte perturbation du trafic aérien en temps de paix. Un titre depuis effacé des tablettes par la pandémie de Covid-19. D’autres volcans, comme Askja dans les hauts plateaux inhabités du centre de l’Islande, ont récemment montré des signes d’activité. Un des volcans les plus redoutables du pays est Katla, près de la côte Sud. Sa dernière éruption remonte à 1918, une pause inhabituellement longue suggérant un prochain réveil.