Du racket organisé. D’après un décret paru au journal officiel italien ce vendredi 22 septembre, les migrants déboutés du droit d’asile dans le pays devront verser une caution de 4 938 euros sous peine d’être envoyés en centre de rétention pendant l’examen de leur recours. Cette garantie financière, qualifiée de «rançon» par le quotidien de gauche La Repubblica, est censée couvrir les frais de logement et de subsistance pour une personne pendant un mois, ainsi que le coût de son rapatriement en cas de rejet définitif de sa demande.
Elle sera exigée aux personnes ayant tenté de se soustraire aux contrôles à la frontière ainsi qu’à celles provenant d’un pays dit «sûr» et qui, en principe, ne peuvent donc prétendre à l’asile. Si le requérant «disparaît indûment», la caution dont il s’est acquitté sera prélevée, précise le texte.
La mesure a été durement critiquée par la gauche. «Sur l’immigration, le gouvernement avait déjà perdu la face, il perd maintenant sa dignité en remplissant les caisses [de l’Etat] sur le dos et le désespoir des personnes», a regretté le député démocrate Emiliano Fossi. «Du trafic d’êtres humains institutionnel», a fustigé Riccardo Magi, secrétaire national du parti centriste + Europa.
Une politique migratoire durcie récemment
Ce décret paraît quelques jours seulement après l’annonce du gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni de son intention de porter à dix-huit mois la durée maximale de rétention des demandeurs déboutés, contre 40 jours renouvelables actuellement (138 jours maximum). L’exécutif entend ainsi dissuader les départs d’Afrique du Nord et éviter que les autorités italiennes soient légalement contraintes de relâcher des étrangers frappés d’une décision de reconduite à la frontière au cas où la procédure d’expulsion n’ait pas abouti dans le délai imparti.
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Depuis le 11 septembre, l’Italie a enregistré plus de 15 000 arrivées de migrants partis des côtes nord-africaines vers ses côtes, débarquant pour la plupart sur l’île de Lampedusa, dont les structures d’accueil ont été débordées. Depuis le début de l’année, leur nombre est de près de 130 000, contre 68 200 en 2022 sur la même période, selon le ministère de l’Intérieur.