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Analyse

En Italie, l’extrême droite fait une razzia sur la culture

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De l’audiovisuel public aux prestigieuses institutions culturelles du pays, le pouvoir italien tente, de façon plus ou moins directe, de promouvoir les valeurs ultraconservatrices.
La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni au côté du président de la République, Sergio Mattarella, à la Scala de Milan le 7 décembre 2022. (Quirinale/Anadolu. AFP)
par Eric Jozsef, correspondant à Rome
publié le 29 mars 2024 à 6h33

Depuis son arrivée au pouvoir, l’extrême droite italienne a une obsession : «Changer la narration du pays.» En clair, promouvoir les valeurs nationalistes et traditionnelles et revisiter l’histoire du pays. L’objectif a été publiquement revendiqué en février 2023 par le secrétaire d’Etat à la Culture (Fratelli d’Italia), Gianmarco Mazzi, en vue du renouvellement de la direction de la Rai, l’audiovisuel public : «Il s’agit de changer de modèle culturel.» Avant tout, selon l’historien Giovanni De Luna, «il y a une volonté de remettre en question le pacte de mémoire qui est à l’origine de la république italienne après la chute du fascisme. L’intention est de minimiser les crimes de Mussolini, en soutenant par exemple qu’il a tout de même fait de bonnes choses, que la cruauté de la république sociale de Salò était due aux Allemands ou bien que c’était une réaction aux actions des partisans. Cette narration n’a rien d’historique, mais l’objectif est de mettre sur le même plan fascisme et antifascisme. La volonté est également de minimiser la responsabilité des groupes néofascistes dans la stratégie de la tension des années 70.»

L’opération passe en priorité par la télévision qui a déjà transmis une série sur la chute du Duce en 1943 et prépare entre autres des f