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En Italie, une peinture du Christ jugée blasphématoire vandalisée dans une église, son auteur blessé

Les œuvres exposées depuis début mars dans une église de Carpi, jugées trop choquantes par des catholiques ultraconservateurs, étaient visées par une plainte et une pétition. Ce jeudi 28 mars, un homme s’en est pris à une peinture et à son auteur, avant de prendre la fuite.
L'œuvre d'Andrea Saltini exposée dans une église de Carpi. (DR)
publié le 28 mars 2024 à 20h56
(mis à jour le 28 mars 2024 à 20h56)

L’œuvre représente le Christ, allongé sur le dos. Et un homme dont la tête était penchée au niveau de son bas-ventre – difficile de ne pas le voir en train de faire une fellation sacrée. Exposée dans une église de Carpi, dans le nord de l’Italie, la peinture fait polémique depuis qu’elle y a été installée début mars, au point qu’une pétition, lancée par l’association ultraconservatrice anti-avortement ProVita, a été signée par plus de 30 000 personnes demandant à la hiérarchie catholique le retrait du tableau.

Mais ce jeudi 28 mars, la protestation a pris la forme d’un acte violent. Armé d’un couteau et d’une bombe de peinture, le visage recouvert d’un masque et d’une perruque, un homme est entré dans l’église pour endommager le tableau en question. Il s’en serait d’abord pris au tableau avant qu’Andrea Saltini, l’artiste qui a réalisé la peinture, ne s’interpose et soit blessé au cou lors de l’altercation. La blessure est survenue de manière accidentelle, «peut-être même qu’il ne savait même pas qu’il s’agissait de Saltini», assure un porte-parole de la police locale. L’agresseur a réussi à prendre la fuite.

Un «acte de violence sans précédent»

L’artiste est sorti de l’hôpital quelques heures après les événements et avec quelques points de suture. Il a immédiatement reçu une vague de soutien. A commencer par celui du diocèse de Carpi qui a condamné cet «acte de violence sans précédent» - les œuvres de Saltini sont exposées dans une église faisant partie du musée diocésain. Le diocèse avait auparavant rejeté les accusations de blasphème, saluant le travail de Saltini comme un rare exemple de «véritable art contemporain avec un sujet religieux». Les tableaux s’inspirent d’épisodes de la foi chrétienne, de l’Immaculée Conception à la crucifixion de saint Pierre. ProVita a également publié un communiqué offrant sa «solidarité maximale» à l’artiste après cette «agression folle et injustifiable».

Avant cette agression une plainte avait été déposée pour «outrage à la religion catholique, blasphème et affichage d’images blasphématoires dans un lieu sacré» par un avocat au nom de plusieurs fidèles de Bologne, Ravenne et Forlì. Sans succès : le parquet de Modène a jugé que la peinture, ainsi que les autres exposées, étaient «attribuables à l’activité d’un artiste» et «non une expression de mépris gratuit envers la confession religieuse».