Les bureaux de l’association sont situés à l’angle de la via Manzoni, dans le quartier romain de San Giovanni, près de la gare Termini. Sur l’une des grandes vitrines du magasin qui font, de premier abord, hésiter entre une compagnie d’assurances pour familles nombreuses et une parapharmacie s’affiche la photo agrandie d’un fœtus et cette interrogation en forme de quiz : «Et toi, que vois-tu ? Un morceau de cellules, le produit de la conception ou un être humain ?» Filippo Savarese ouvre la porte avec un sourire. Barbe bien taillée et cheveux bruns, polo, jeans et sneakers bleus, il est l’un des responsables de l’association Pro Vita & Famiglia qui défend la famille traditionnelle et combat le droit à l’avortement. «Avec le gouvernement Meloni, nous constatons une plus grande sensibilité du point de vue culturel», euphémise le jeune homme qui explique que l’objectif final, «lointain» déplore-t-il, reste bien l’abrogation de la loi 194 adoptée en 1978 en Italie et qui légalise l’interruption volontaire de grossesse.
En campagne électorale, avant d’accéder au pouvoir à l’automne 2022, Giorgia Meloni, dirigeante de Fratelli d’Italia, avait assuré qu’elle ne toucherait pas à la législation sur l’avortement mais qu’elle s’emploierait à sa pleine application : «Le texte prévoit que la décision ou non d’avorter soit le fruit d’un choix libre et garanti.» C’est dans cette disposition que les milieux conservateurs se sont depuis des années engouffrés po