Vers un retour en arrière salutaire ? Le président Edgars Rinkevics a décidé ce lundi 3 novembre de renvoyer au Parlement pour réexamen une loi très controversée sur la sortie de la Lettonie de la Convention sur la prévention des violences faites aux femmes.
Ratifiée par les parlementaires lettons en novembre 2024, la convention dite d’Istanbul exige des pays signataires la mise en place de lois et de politiques destinées à mettre fin à la violence à l’égard des femmes et aux violences domestiques.
Un an après, le 30 octobre, la majorité des députés lettons ont voté la sortie de ce pays balte de la convention. Une première au sein de l’Union européenne. Ils dénonçaient un texte promouvant - selon eux - la notion de «genre» et «une idéologie étrangère s’immisçant dans la vie quotidienne» des Lettons,
«Message contradictoire»
Mais le chef de l’Etat letton invoque un élément technique pour sa décision. La ratification et la dénonciation de la Convention au cours d’un même mandat du Parlement «envoient un message contradictoire à la fois à la société lettone et aux alliés internationaux», selon un communiqué de la présidence.
Cela constituerait un cas «sans précédent dans l’espace juridique européen» car la Lettonie deviendrait ainsi «le premier État membre de l’Union européenne à se retirer d’un traité international sur les droits de l’Homme», ajoute la présidence.
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Le texte avait été porté devant le Parlement par l’opposition mais avait été aussi soutenu au moment du vote par certains membres de la coalition gouvernementale de centre droit de la Première ministre Evika Silina. La cheffe du gouvernement, elle, était opposée à la sortie de la Convention.
Le vote a provoqué de vives protestations en Lettonie, avec d’importantes manifestations de rue. Plus de 60 000 Lettons ont signé un appel au président de ne pas promulguer le texte sur ce retrait.
A l’étranger, le Conseil de l’Europe a estimé que le Parlement letton avait envoyé «un message dangereux» pour les droits des femmes en votant la sortie de cette Convention. «Il s’agit d’un pas en arrière sans précédent et profondément inquiétant pour les droits des femmes et les droits de l’homme en Europe», a réagi vendredi le président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Theodoros Rousopoulos.