Qu’il semble loin, ce temps où le pays s’était drapé de bleu et de jaune, lorsque la frontière polono-ukrainienne était devenue, au début de l’invasion russe, le symbole d’une solidarité sans faille. Unis comme rarement, les Polonais s’étaient émus du sort des voisins Ukrainiens fuyant leur pays en guerre en se rendant dans les gares porter soupes et vêtements chauds, en les hébergeant des semaines durant. Le destin de l’Ukraine est alors aussi celui de tous les Polonais, qui craignent d’être la prochaine cible des Russes.
Mais depuis, le ton a changé. A Kyiv, le 8 mai, aux côtés de Volodymyr Zelensky, le Premier ministre polonais Donald Tusk a certes rappelé que «les Polonais ont ouvert leur cœur» il y a trois ans, la réalité est aujourd’hui tout autre, pour quelque 1,5 million d’Ukrainiens vivant en Pologne. Une lassitude s’est installée, prenant la forme de discours grinçants à l’encontre des réfugiés ukrainiens ; et les sondages en attestent.
Ils sont désormais 38 % à déclarer ainsi ressentir une aversion à l’égard des Ukrainiens, quand 30 % de Polonais disent éprouver de la sympathie, et 27 % de l’indifférence, selon u