En contrebas des champs de maïs desséchés plantés à l’entrée du village d’Uhelná file une petite route, presque invisible derrière les tiges jaunâtres quand n’y brille pas l’éclat d’une carrosserie. Milan Starec la fixe, mains dans les poches. «C’est la frontière. Nous sommes encore côté tchèque. De l’autre côté, c’est la Pologne.» Plus loin, côté polonais, se dressent les tours massives de la centrale électrique de Turów, la septième plus polluante d’Europe, couronnées de leur panache de fumée, et une petite partie de l’immense étendue beige de la mine à ciel ouvert de lignite qui l’alimente. «Si le projet de l’extension de la mine est mené à bien, elle ira jusqu’à la route», indique Milan Starec, père de famille de 39 ans, le regard posé sur la silhouette menaçante de l’excavateur qui se rapproche mois après mois. Sur ces quelques kilomètres où se rencontrent et s’achèvent la Pologne, la République tchèques et l’Allemagne, se joue bien plus qu’un conflit de voisinage. Autour de Turów, monstre industriel hérité du XXe siècle, s’exercent les tiraillements européens en matière d’énergie, entre volonté d’indépendance nationale et objectifs de transition communautaires, entre dépendance socio-économique à la mine et ravages environnementaux.
Le cratère avale des terres patiemment, depuis 1904. Après plus d’un siècle d’exploitation, il a atteint une superficie de 31 kilomètres carrés, soit l’équivalent de la ville de Lille. Une nouvelle concession, qui doit permettr