La déclaration est venue sèchement, dans la soirée du mercredi 20 septembre, tel un coup de poignard à l’égard du voisin en guerre. «Nous ne transférons plus aucun armement à l’Ukraine», a lancé le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, interrogé par la chaîne télé Polsat, disant se concentrer «sur la modernisation et l’armement rapide de l’armée polonaise». Mais où est passée cette Pologne qui s’imposait, il y a peu, comme l’une des plus fidèles alliées de Kyiv ? Le désaveu peut paraître étonnant, au vu de sa posture morale résolument en faveur de l’Ukraine, le pays s’étant muté en plaque tournante militaire et humanitaire depuis la guerre d’invasion du 24 février 2022, et accueillant des centaines de milliers de réfugiés sur son sol.
«En ce qui concerne les armes, la Pologne n’en fournit pas en ce moment et n’a plus rien en stock de toute façon», indique Jedrzej Bielecki, journaliste pour le quotidien de référence Rzeczpospolita, à Libération. L’annonce de Mateusz Morawiecki se veut d’abord et surtout politique. À l’aube des élections législatives du 15 octobre, qui s’annoncent serrées, le parti au pouvoir, Droit et Justice (PiS), joue sa survie. Aussi la formation national-conservatrice a-t-elle fait le choix de sacrifier le soutien à l’Ukraine sur l’autel d’intérêts électoraux, au risque de miner l’image du pays sur la scène internationale. Au risque, aussi, de saper l’influence géopolitique qu’a acquise Varsovie ces derniers moi