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Conflit

En Pologne, le parti présidentiel privilégie ses intérêts électoraux aux dépens de l’Ukraine

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Le torchon brûle entre Kyiv et Varsovie, qui a annoncé mercredi 20 septembre la cessation de livraison d’armements à son voisin en guerre. La logique électorale a de toute évidence pris le pas sur la solidarité envers le voisin ukrainien, le parti au pouvoir étant doublé sur sa droite par un parti nationaliste et anti-ukrainien.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, à Varsovie en avril. (Jaap Arriens /NurPhoto via AFP)
par Patrice Senécal, correspondant à Varsovie
publié le 21 septembre 2023 à 21h49

La déclaration est venue sèchement, dans la soirée du mercredi 20 septembre, tel un coup de poignard à l’égard du voisin en guerre. «Nous ne transférons plus aucun armement à l’Ukraine», a lancé le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, interrogé par la chaîne télé Polsat, disant se concentrer «sur la modernisation et l’armement rapide de l’armée polonaise». Mais où est passée cette Pologne qui s’imposait, il y a peu, comme l’une des plus fidèles alliées de Kyiv ? Le désaveu peut paraître étonnant, au vu de sa posture morale résolument en faveur de l’Ukraine, le pays s’étant muté en plaque tournante militaire et humanitaire depuis la guerre d’invasion du 24 février 2022, et accueillant des centaines de milliers de réfugiés sur son sol.

«En ce qui concerne les armes, la Pologne n’en fournit pas en ce moment et n’a plus rien en stock de toute façon», indique Jedrzej Bielecki, journaliste pour le quotidien de référence Rzeczpospolita, à Libération. L’annonce de Mateusz Morawiecki se veut d’abord et surtout politique. À l’aube des élections législatives du 15 octobre, qui s’annoncent serrées, le parti au pouvoir, Droit et Justice (PiS), joue sa survie. Aussi la formation national-conservatrice a-t-elle fait le choix de sacrifier le soutien à l’Ukraine sur l’autel d’intérêts électoraux, au risque de miner l’image du pays sur la scène internationale. Au risque, aussi, de saper l’influence géopolitique qu’a acquise Varsovie ces derniers moi