L’annonce lui est parvenue sèchement, au milieu de la nuit. M.L., porteuse d’un fœtus atteint de trisomie 21, devait interrompre sa grossesse le 28 janvier 2021, dans un hôpital de Varsovie. Mais c’était sans compter sur l’entrée en vigueur, la veille, de la quasi-interdiction de l’avortement en Pologne : quelques mois plus tôt, en octobre 2020, le Tribunal constitutionnel, inféodé au parti national-conservateur Droit et Justice (PiS), établissait «contraire» à la loi fondamentale du pays l’IVG pour cause de malformation fœtale, soit l’immense majorité des cas réalisés au pays jusque-là.
Sans crier gare, le corps médical annula son rendez-vous. M.L., 38 ans, dut alors en planifier un autre, de toute urgence, dans une clinique aux Pays-Bas ; une histoire parmi des dizaines de milliers d’autres en Pologne. Chaque année, autant de femmes sont poussées à avorter dans la clandestinité, à l’aide de pilules abortives, ou à l’étranger, en déboursant des sommes considérables. Une histoire, aussi, qui s’est retrouvée au cœur d’un jugement de la Cour européenne des droits de l’homme, le 14 décembre.
Reportage
Au-delà du cas personnel, le verdict fait date : les mag