«L’Etat de droit, les droits des femmes, la liberté de la presse… Tout ça a été saccagé depuis huit ans. On marche aujourd’hui pour la démocratie, point.» Derrière ses lunettes rectangulaires, Henryka Wiczling, 59 ans, débite d’une voix énergique ses griefs contre Droit et Justice (PiS), le parti nationaliste conservateur au pouvoir en Pologne depuis huit ans qui n’a de cesse de miner les contre-pouvoirs démocratiques. Au même moment, autour d’elle, une marée humaine, colorée de drapeaux européens et polonais, envahit la rue Marszalkowska, au pied du Palais de la culture, vestige réaliste-socialiste qui surplombe le centre de Varsovie.
Ce dimanche 1er octobre, à l’appel de Donald Tusk, principale figure d’opposition à la tête de la Coalition civique (KO) centriste-libérale, un impressionnant rassemblement antigouvernemental a défilé dans les rues de la capitale polonaise : environ un million de manifestants selon la mairie, elle aussi acquise à l’opposition démocratique. Le média indépendant Onet parle plutôt de 600 000 à 800 000 personnes. Il s’agit tout de même de la plus grande mobilisation qu’a connu la Pologne depuis 1989. L’objectif était simple : galvaniser l’électorat, à l’aube du scrutin législatif du 15 octobre, qui s’annonce aussi serré que crucial pour l’avenir de la démocratie polonaise.
Pari risqué
«Nous voulons rester dans l’Union européenne, et si le PiS est réélu, je crains qu’on n’emprunte la voie d’un Polexit», redoute Henryka, qui a fait le déplace