
Reportage
En quête d’indépendance, le Groenland se débat entre l’impérialisme américain et l’héritage colonial danois
Par l’un de ces hasards dont le Groenland est coutumier, deux des hommes qui portent les visions les plus antithétiques possibles de l’avenir géopolitique de leur pays sont amis d’enfance. L’un s’appelle Orla Joelsen. C’est un quadragénaire discret, candidat malheureux au Parlement sous les couleurs d’Atassut, le seul parti unioniste de l’île. Le 15 mars, après une énième provocation de Donald Trump menaçant d’annexer le Groenland, il a organisé, sur Facebook en quelques heures, la plus grande manifestation qu’ait jamais connue la capitale, Nuuk. Au moins un millier de personnes, dans une ville qui compte 19 000 habitants, se sont réunies pour crier ensemble «Nous ne sommes pas à vendre !» Des représentants de tous les partis les ont rejoints.
L’autre est devenu en quelques mois une étrange star. Jorgen Boassen, 51 ans, aime rappeler qu’on l’a affublé du surnom de «fils groenlandais de Trump». En janvier, c’est lui qui a organisé la visite dans la capitale du vrai fils du président américain, Donald Trump Jr. Cette semaine, c’est à nouveau lui qui va accueillir, à partir du jeudi 27 mars,