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Libération
Reportage

En Russie arctique, «la mobilisation est une question d’honneur»

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La propagande sur la guerre en Ukraine fonctionne à plein en Iamalie, riche région du nord de la Russie, où gaz et pétrole abondent. L’enrôlement des hommes pour aller se battre semble aller de soi.
Une fresque en hommage aux soldats engagés en Ukraine, dans le centre-ville de Salekhard, le 27 octobre 2022. (Paul Gogo/Libération)
publié le 4 novembre 2022 à 19h36

Dans ce vieil appartement de la petite ville de Labytnangui, en Iamalie, au-delà du cercle Arctique, la télévision est posée dans un angle de la cuisine, sur le frigo. Le volume est fort, la chaîne NTV crache sa propagande martiale en boucle et contraste avec la douceur de la première neige qui s’écrase sur les fenêtres. «L’armée russe est la mieux équipée» ; «Les Ukrainiens sont corrompus par les Américains» ; «L’opération spéciale suit son cours» La télévision comble l’espace sonore mais personne ne semble y prêter attention.

Vladimir, 69 ans, est père de cinq enfants. La famille est pauvre, ils sont sept à vivre dans ces deux pièces. Chaque mouvement est calculé, chaque mètre carré est précieux. Un par enfant, plongé dans son téléphone. Les toilettes et la baignoire sont dans l’entrée, des matelas s’entassent dans la pièce principale, avec les lits des jumeaux nouveau-nés. Deux grosses boîtes en carton offertes par l’hôpital font office de tiroirs pour ranger le linge des bébés. Soucieuses de pousser la natalité pour contrer les problèmes démographiques, les autorités ont offert pour plusieurs mois de lait en poudre, couche