Cela fait maintenant plus de deux mois que chaque vendredi, à 11h52, toute une partie de la Serbie s’arrête. Pendant quinze minutes, réunis devant l’entrée des universités ou serrés dans des cortèges qui bloquent les carrefours des grandes villes, des dizaines de milliers d’étudiants font régner un silence total. Quinze minutes de silence, égrenées en mémoire des quinze personnes qui ont perdu la vie le 1er novembre dernier quand l’auvent de la gare de Novi Sad s’est brutalement écroulé huit minutes avant midi.
Pour les manifestants, cet accident n’en était pas un. Il est le résultat, à leurs yeux, d’une corruption généralisée. La gare de Novi Sad, deuxième ville du pays, venait d’être longuement rénovée quand l’auvent de béton, de verre et d’acier s’est effondré sur les passants. «La somme stupéfiante de 65 millions d’euros a été dépensée pour ces travaux, financés et commandités par le gouvernement, qui a également choisi à quelles entreprises les confier», rappelle Dejan Bursac, chercheur à l’Institut de philosophie et de théorie sociale de l’université de Belgrade.
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Le gouvernement serbe a délégué l’essentiel de la rénovation à deux géants chinois, China Railway International et China Communications Construction, très actifs dans