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Enquête

En Slovaquie, la «guerre» du gouvernement contre les «médias hostiles»

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Réforme musclée de la radiotélévision publique, journalistes insultés et menacés par des membres de coalition gouvernementale, grands noms des intervieweurs politiques sur le départ… Depuis le retour au pouvoir de Robert Fico, les radios et télévisions slovaques se débattent face à des pressions grandissantes.
La journaliste démissionnaire Sona Weissová devant l'immeuble de la RTVS à Bratislava. (Libération)
publié le 3 octobre 2024 à 16h24

Les bureaux de la radio publique slovaque, tout en teintes de bruns, des moquettes aux lambris, fleurent bon la nostalgie et les années 1980. Baignés dans la lumière de la fin d’été, ils semblent paisibles, presque assoupis. Loin de la tempête qui les parcourt depuis des mois. Dans son bureau d’angle, assise sur une chaise à roulettes, Sona Weissova tourne et retourne nerveusement son badge entre ses mains. Bientôt, elle ne sera plus employée de la RTVS. «J’ai pris la décision la semaine dernière. Quelque chose a cédé en moi, je n’ai plus la force de me battre», souffle-t-elle. Après quinze ans de carrière dévouée à la radio, et un intense combat au printemps pour préserver l’indépendance de l’institution, la journaliste a perdu espoir.

Depuis le retour au pouvoir du populiste Robert Fico à l’automne 2023, les médias sont sous pression en Slovaquie. Le Premier ministre n’a jamais aimé les journalistes mais, pour son quatrième mandat, il les a élevés au rang de cible principale. «Notre ennemi politique n’est pas l’opposition. Elle est finie. Notre ennemi, ce sont d’abord les médias hostiles», a-t-il ainsi théorisé dès son élection. Le climat, déjà délétère, est devenu encore plus irrespirable en mai, quand Robert Fico s’est fait tirer dans la poitrine en pleine rue. Dès son retour aux affair