Si les fonctions du chef d’Etat slovaque sont en majeure partie honorifiques et si le pouvoir exécutif est principalement exercé par le Premier ministre, actuellement Robert Fico, le titre de président confère toutefois à Peter Pellegrini le statut de commandant en chef des forces armées, le pouvoir de ratifier les traités internationaux, de nommer les principaux magistrats, ainsi qu’un droit de véto sur toutes les lois votées par le Parlement.
Lors de sa cérémonie d’investiture tenue ce samedi 15 juin à Bratislava, il a «promis de réunir le pays». Car dans ce petit Etat, membre de l’Union européenne et de l’Otan, une question divise et ce, particulièrement depuis l’invasion russe de l’Ukraine voisine, le 24 février 2022 : le positionnement pro-Europe ou pro-Kremlin.
Campagne de désinformation massive
Le pays reste encore sidéré par la tentative d’assassinat qui a visé, le 15 mai, le Premier ministre, Robert Fico, un proche allié de Pellegrini. Le chef du gouvernement populiste avait été blessé par quatre balles tirées à bout portant par un homme qui semble avoir agi seul et qui a avancé des raisons politiques. Cette attaque avait été suivie d’une lourde campagne de désinformation massive, anti-opposition, anti-libéraux et pro-Russie sur les réseaux sociaux.
Robert Fico est le chef de l’actuel gouvernement populiste et pro-Russie formé de la coalition de trois partis : le Hlas-SD (fondé par Pellegrini en 2020), le Smer-SD (parti de Fico), et le SNS, parti d’extrême droite. Sous ce gouvernement, élu après les législatives de septembre 2023, la Slovaquie a remis en question la souveraineté de Kyiv et coupé ses aides militaires à l’Ukraine.
«Polarisation et haine»
Interrogé par l’AFP, le chercheur germano-slovaque Milan Nic désigne Robert Fico comme étant «à l’origine de la polarisation et de la haine dans la politique» slovaque, où s’opposent le camp pro-occidental de la présidente sortante Zuzana Caputová et du candidat défait à la présidentielle d’avril, Ivan Korcok, et le camp nationaliste de Fico et de son allié Pellegrini. Milan Nic dénonce aussi le rôle des réseaux sociaux comme catalyseurs de la haine et de la polarisation des opinions politiques.
Désormais officiellement investi, sans parler de couper les ponts avec ses alliés occidentaux, Pellegrini a déclaré que la souveraineté de la Slovaquie prévaudrait : «La Slovaquie […] restera un élément solide de l’UE et de l’Alliance de l’Atlantique Nord, mais elle n’aura pas peur de parler d’une voix souveraine.» Le candidat pro-Kremlin prône ouvertement «le relâchement des liens avec nos alliés et partenaires de l’Otan et de l’UE, un soutien plus faible à l’Ukraine et un penchant pour la Russie».