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Libération
Reportage

En Suède, l’agroforesterie intensive menace l’élevage traditionnel des rennes : «A ce rythme, dans vingt ans, il ne restera plus rien» 

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Afin de répondre aux besoins de l’industrie du papier, de larges pans de forêts anciennes sont détruits, au détriment des pratiques du peuple sami. Soucieuse de préserver ses terres de pâturages, une communauté autochtone fait de la résistance.
L’oncle de Pär-Mikael Arhén, le chef de la communauté samie des Ohredahkes, cherche un de ses rennes pour lui poser un collier GPS. (Nicolas Lee/Nicolas Lee)
par Nicolas Lee, envoyé spécial à Sundsvall (Suède)
publié le 17 avril 2025 à 18h17

«Les rennes ne peuvent pas rester longtemps enfermés sans être malheureux, ils vivent toujours en liberté.» Dans la région de Sundsvall, au centre de la Suède, le chef de la communauté samie d’Ohredahke, Pär-Mikael Ahrén, regarde ces animaux graciles reclus dans une enceinte fermée, et déplore : «Ils ne pourraient pas supporter de vivre comme ça toute l’année, et je ne le supporterais d’ailleurs pas non plus.» L’enclos n’est qu’une halte dans la transhumance de l’intersaison, marquée par le retrait du manteau de neige hivernal. Quelques jours en attendant les conditions climatiques idéales pour lancer la horde vers les régions montagneuses de la Laponie suédoise. Là-bas, Pär-Mikael Ahrén pourra laisser ses rennes paître librement, «là où ils connaissent leur terre».

Ce tableau d’animaux enfermés pourrait, à l’avenir, devenir la norme. L’élevage traditionnel est menacé par les projets d’industrialisation «verte» en Laponie, par l’activité minière et, tout particulièrement, par l’agroforesterie intensive qui grignote chaque année