Depuis quelques mois, Tony Ring s’émerveille à chaque fois qu’il traverse les nouveaux quartiers qui prennent forme dans sa commune. A son enthousiasme, on pourrait croire que les détonations qui retentissent toutes les dix minutes présagent une fête de la commune. Mais le maire de Karlskoga, dans le centre de la Suède, rectifie : «C’est le champ de tir des industriels et de l’armée», commente-t-il, pointant du doigt l’origine des éclats étouffés par la distance.
Dans cette ville de 30 000 habitants dont les hauteurs sont dominées par une immense pièce d’artillerie, la manufacture d’armes fait partie de l’ADN local. Bofors, fabricant de canons et d’explosifs dont l’histoire remonte au XVIIe siècle, est le pilier de l’économie et de l’histoire de Karlskoga. Un héritage méconnu au-delà des frontières de la ville, dont l’industriel le plus célèbre fut nul autre qu’Alfred Nobel, désormais reconnu comme une icône de la paix. Aujourd’hui, la Suède, discrète parmi les grandes puissances, occupe la 13e place mondiale dans le commerce des armes, un fait que la population est maintenant fière d’afficher.
Saab, l’une des entreprises héritières de Bofors désormais séparé entre plusieurs groupes, est le fleuron de l’industrie suédoise de l’armement. Elle fabrique sur place une variété de missiles et de canons sans recul pour l’infanterie exportés dans plus de 40 pays. Dans le hall d’entrée du siège de l’entreprise, Michael Höglund, le responsable des produits de combat au sol, désig