C’est le plus grand rassemblement organisé en soutien de l’Ukraine depuis son invasion par la Russie en février 2022. Plus de 90 pays et institutions mondiales, dont une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement, sont réunis ce samedi 15 juin autour du président ukrainien Volodymyr Zelensky pour deux jours dans un resort de luxe de Bürgenstock, dans les Alpes suisses, au bord du lac des Quatre-Cantons.
Celui-ci a dit son espoir, en ouverture de cette grande réunion, de parvenir à «une paix juste aussi vite que possible». «Tout ce qui sera convenu [en Suisse] fera partie du processus de rétablissement de la paix dont nous avons tous besoin», a-t-il déclaré, ajoutant : «Nous verrons l’histoire se faire lors de ce sommet». Zelensky aussi indiqué qu’il fera des propositions de paix à la Russie une fois qu’elles auront été agréées par la communauté internationale : «Lorsque le plan d’action sera sur la table, accepté par tous et transparent pour les peuples, alors il sera communiqué aux représentants de la Russie, afin que nous puissions vraiment mettre fin à la guerre.» En l’absence de la Russie et de la Chine, les ambitions de ce sommet se veulent pourtant mesurées. Les hôtes suisses ont tempéré d’emblée les attentes.
Le chef de la diplomatie helvétique Ignazio Cassis, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, explique ainsi que l’objectif est de pouvoir confronter les idées sur une possible paix, d’établir la «confiance pour un premier pas» tout en soulignant qu’il en faudra «bien d’autres». Et pour cause : vendredi, le président russe Vladimir Poutine s’est invité avec fracas dans la conversation en exigeant de facto la reddition de l’Ukraine avant tous pourparlers.
Zelensky a réagi vendredi en dénonçant l’«ultimatum» à la «Hitler» du président russe. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a également dénoncé samedi matin les revendications formulées par le président russe, estimant qu’elles revenaient à «dicter» la paix. «Ce qu’il propose, c’est en fin de compte de graver un raid impérialiste dans les textes», a-t-il critiqué. La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, lui a emboîté le pas dans l’après-midi, dénonçant comme de la «propagande» ces propositions. «Il ne me semble pas particulièrement efficace, comme proposition de négociation, de dire à l’Ukraine qu’elle doit se retirer de l’Ukraine», a-t-elle ironisé. Le président français Emmanuel Macron, enfin, a affirmé que la paix en Ukraine ne peut «pas être une capitulation» du pays. «Nous sommes tous déterminés à construire une paix durable. Et comme l’ont mentionné plusieurs d’entre vous, une telle paix ne peut pas être une capitulation ukrainienne», a-t-il rappelé dans la soirée. «Il y a un agresseur et une victime.»
A relire
La réunion a débuté par une séance plénière samedi après-midi, avant un dîner. Dimanche, trois sujets seront abordés en détail en groupes de travail : sûreté nucléaire, liberté de navigation et sécurité alimentaire, et aspects humanitaires, notamment le sort des enfants ukrainiens déportés en Russie.
Près de 50 milliards de dollars en poche
Les chefs d’État et de gouvernement présents au G7 dans les Pouilles sont tous présents. «J’ai hâte de me joindre à nos alliés et partenaires pour soutenir les efforts de l’Ukraine visant à garantir une paix juste et durable», a déclaré la vice-présidente américaine Kamala Harris peu avant son départ pour le sommet. Coup dur pour Zelensky, le président Biden a préféré rentrer aux Etats-Unis après le G7. Avant même sa rencontre avec le président ukrainien, Harris a annoncé une augmentation de plus de 1,5 milliard de dollars de l’aide énergétique et humanitaire à l’Ukraine, pour faire face «aux dernières attaques de la Russie contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes».
A relire
Les hôtes suisses ont voulu rassembler le plus de pays possible, en particulier ceux du sud global. Mais, si parmi les BRICS, l’Arabie saoudite envoie son chef de la diplomatie, le Brésil sera observateur, l’Inde envoie un haut responsable du ministère des Affaires étrangères, l’Afrique du Sud un émissaire. Quant à la Chine, elle avait prévenu qu’elle ne participerait pas tant que la Russie ne serait pas du tour de table. Les dirigeants de l’UE ainsi que les présidents d’Argentine, de Colombie, du Chili, de Finlande et de Pologne seront présents.
Volodymyr Zelensky vient de passer les dernières semaines à plaider sa cause à travers le monde non sans succès. Au sommet du G7 en Italie, il a obtenu un prêt de 50 milliards de dollars en poche. Les fonds doivent être garantis par les intérêts que rapporteront les actifs russes gelés depuis le début de l’invasion. «Un vol qui ne restera pas impuni», pour Poutine. Le président ukrainien a également signé des accords de sécurité avec les États-Unis et le Japon en marge du Sommet des sept après en avoir fait de même avec plusieurs autres alliés ces derniers mois, dont la France et le Royaume-Uni.
L’Ukraine va recevoir de nouveau des armes des États-Unis après de longs mois d’attente qui ont mis l’armée ukrainienne en grande difficulté. Washington, ainsi que d’autres pays alliés, l’a autorisé – sous conditions – à utiliser leurs armes pour frapper directement en territoire russe.
Mis à jour à 18 h 40 avec les déclarations de Volodymyr Zelensky, puis à 20 h 01 avec celles d’Emmanuel Macron