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Libération
Reportage

En Turquie, la ville d’Izmir face à la pire sécheresse de son histoire

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Avec des barrages presque vides et des nappes phréatiques surexploitées, la côte égéenne turque vit une grave crise hydrique. La troisième plus grande ville du pays impose des coupures d’eau aux habitants et les agriculteurs sont contraints de changer de semences.

Begum et Tugrul, cultivateurs de maïs à Menemen, au nord d’Izmir, en septembre. (Yusuf Sayman/Libération)
Publié le 29/09/2025 à 19h15

Le mercure flirte avec les 35°C en cette journée de début d’automne. La route étroite qui mène au barrage de Tahtali, sur les rives de la mer Egée, dans l’ouest de la Turquie, n’est qu’un ruban sec bordé de bois morts et de végétaux grillés par le soleil. Près de la station de pompage, une barque gît sur la terre craquelée. «Il y a deux ans, elle flottait encore», lance un ouvrier de maintenance depuis un escalier bricolé pour atteindre ce qui reste d’eau.

Situé à quelques kilomètres de la mer Egée, le barrage est la principale réserve d’eau d’Izmir, troisième ville la plus peuplée du pays. Mais son taux de remplissage n’a jamais été aussi faible : à peine 4 % en cette fin septembre 2025, contre 18 % l’an dernier à la même période. «L’hiver dernier, il n’a presque pas plu ni neigé. Le barrage ne s’est pas suffisamment rempli», ajoute l’employé en désignant les cicatrices horizontales laissées sur le sol par les anciens niveaux d’eau.

Coupures d’eau imposées

«S’il ne pleut pas d’ici novembre, on basculera dans une véritable sécheresse», s’inquiète Yeter Erten, responsable du département eau et construction de la direction générale de l’eau et de l’assainissement d’Izmir (Izsu). Depuis son bureau impeccablement ordonné et climatisé, la responsable énumère la litanie des barrages à sec dans la région. Des «volumes morts», certains tombés sous la barre des 1 %. Selon l’institut météorologique turc (MGM), du 1er octobre 2024 au 31 août 2025, à Izmir, les précipitations ont été