«Son rêve, c’était d’entrer en politique et de devenir président. Cet homme a fait une présentation au conseil national de Sécurité pour blanchir son histoire. […] Et ensuite, les meurtres ont commencé. Il a fait ça pour nettoyer son passé.» Celui qui prononce ces mots est un chef mafieux, Sedat Peker qui a fait trembler le pouvoir turc pendant deux mois au printemps en déballant les dessous sales de la vie politique. Le 23 mai, il visait par ces accusations l’ancien chef de la police durant la décennie noire des années 90, qui fut aussi l’un des architectes de la politique de disparitions forcées qui continuent d’endeuiller la Turquie aujourd’hui : Mehmet Agar. Une accusation sévère qui résonne pourtant avec l’histoire récente du pays.
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Car au moment où Sedat Peker racontait cette histoire, la nouvelle est tombée de la réouverture d’un procès central dans les affaires de disparitions forcées : le dossier Ankara-Jitem. Dix-neuf personnes y comparaissent, dont Mehmet Agar, poursuivis pour 19 meurtres commis de 1993 à 1996, entre Ankara et Istanbul. Aucune date n’a pour le moment été fixée par le tribunal pour la première audience. Mais cette annonce et les révélations du mafieux replongent la Turquie dans l’histoire, toujours d’actualité, de ces enlèvements et crimes politiques.
Eliminés les uns après les autres
Selon l’Association des droit