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Libération
Récit

En Turquie, le lent poison des disparitions forcées

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Coup d'Etat en Turquiedossier
Les révélations d’un chef mafieux en mai et l’annonce de la réouverture d’un procès ont refait surgir la douloureuse question des centaines de kidnappés dans le pays, notamment depuis le coup d’Etat manqué de 2016. Des avocats militent pour que ces cas soient requalifiés en crimes contre l’humanité.
Le drapeau du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans un rassemblement kurde pour fêter la nouvelle année, à Diyarbakir dans le sud de la Turquie en 2003. (Mehdi Fedouach /AFP)
publié le 15 août 2021 à 7h22

«Son rêve, c’était d’entrer en politique et de devenir président. Cet homme a fait une présentation au conseil national de Sécurité pour blanchir son histoire. […] Et ensuite, les meurtres ont commencé. Il a fait ça pour nettoyer son passé.» Celui qui prononce ces mots est un chef mafieux, Sedat Peker qui a fait trembler le pouvoir turc pendant deux mois au printemps en déballant les dessous sales de la vie politique. Le 23 mai, il visait par ces accusations l’ancien chef de la police durant la décennie noire des années 90, qui fut aussi l’un des architectes de la politique de disparitions forcées qui continuent d’endeuiller la Turquie aujourd’hui : Mehmet Agar. Une accusation sévère qui résonne pourtant avec l’histoire récente du pays.

Car au moment où Sedat Peker racontait cette histoire, la nouvelle est tombée de la réouverture d’un procès central dans les affaires de disparitions forcées : le dossier Ankara-Jitem. Dix-neuf personnes y comparaissent, dont Mehmet Agar, poursuivis pour 19 meurtres commis de 1993 à 1996, entre Ankara et Istanbul. Aucune date n’a pour le moment été fixée par le tribunal pour la première audience. Mais cette annonce et les révélations du mafieux replongent la Turquie dans l’histoire, toujours d’actualité, de ces enlèvements et crimes politiques.

Eliminés les uns après les autres

Selon l’Association des droit