Dans une grande salle éclairée au néon, d’imposantes machines en acier crachent des rejets de vapeur en avalant des pièces de denim, qui seront découpées et confectionnées en jeans pour les marchés américains et européens. Cette usine de Çorlu, à deux heures de route d’Istanbul, semble tourner à plein régime en cet après-midi d’août. Mais cette impression de vitalité économique masque pourtant les importantes difficultés que connaît l’entreprise, qui sous-traite pour des marques occidentales, depuis un an et demi.
«En 2024, nous avions déjà licencié 20 % de notre masse salariale, confie l’un des associés de la société, par ailleurs responsable de la stratégie et de l’innovation, et qui a souhaité garder anonymes son nom et celui de son entreprise. Cet été, nous avons décidé de fermer l’une de nos deux usines qui se trouvait à Istanbul et de débaucher près de 40 % de nos effectifs. En vingt ans de métier, je n’ai jamais vu ça.»
A l’instar d’autres fabricants turcs de textile, l’entreprise pâtit de l’inflation galopante (138 % entre 2022 et 2024), qui accable le pays depuis plusieurs années. Les hausses consécutives