Une foule compacte se masse à l’occasion d’un meeting d’Ekrem Imamoglu, l’actuel maire d’Istanbul, issu du Parti républicain du peuple (CHP), dans l’opposition, qui brigue un second mandat. Le choix du lieu n’est pas anodin : Kasimpasa est un quartier populaire et conservateur au cœur de la ville. C’est là qu’est né et qu’a passé une partie de sa jeunesse le président Recep Tayyip Erdogan.
Autant dire qu’ici, le «reis» fait figure de héros, auquel on voue une loyauté sans faille. Comme chez ce réparateur de montres, âgé de 80 ans, qui tient une échoppe située non loin. «Le Président ? C’est un ami d’enfance, on jouait au foot ensemble», fanfaronne-t-il, en dégainant des photos de lui flanqué du chef d’Etat. Les voici au restaurant tous fringants, sur un autre cliché, on les voit sur un terrain de football bras dessus bras dessous.
Dérive autoritaire
L’artisan est-il pour autant touché par l’inflation qui se poursuit (67,7 % en rythme annuel) malgré la politique monétaire plus orthodoxe lancée par le gouvernement d’Erdogan à la suite de sa réélection en mai 2023 ? «Qu’est-ce que j’en sais, moi ? Tout ce que je connais, ce sont les montres»