Menu
Libération
Billet

En Ukraine, la guerre accélère la dérussification

Article réservé aux abonnés
«European Focus»dossier
La journaliste ukrainienne Yuliana Skibitska, née à Zaporijia où les références à l’URSS ont longtemps été légion, explique comment les traces de l’impérialisme russe sont peu à peu gommées de l’espace public.
Démolition du monument au pilote soviétique Valeri Tchkalov à Kyiv, le 8 février. Né en Russie, Tchkalov n’a jamais eu le moindre lien avec l’Ukraine. (Administration d’État de la ville de Kyiv)
par Yuliana Skibitska, Babel.ua
publié le 24 février 2023 à 11h57

A Zaporijia, où je suis née et où j’ai grandi, existait ce qu’on appelait la «Réserve Lénine». L’avenue Lénine se terminait sur la place Lénine, où se dressait le monument à Lénine qui pointait vers le port fluvial Lénine et la centrale hydroélectrique Lénine. Il y avait une certaine logique à cela : Zaporijia est entré dans l’ère moderne au début de l’URSS et, à l’époque, beaucoup de choses portaient le nom du premier dirigeant de l’URSS.

Avec la décommunisation de l’Ukraine, en 2015, les panneaux Lénine ont progressivement disparu. Le dernier, dans la galerie d’art Lénine, près de la Réserve Lénine, se moquait de l’omniprésence du personnage dans la ville (la galerie a fermé en 2020 à la mort de son fondateur). Aujourd’hui, il ne reste presque plus rien de Lénine à Zaporijia.

Il y a quelques semaines, le monument du général Nikolaï Vatoutine, un commandant de l’Armée rouge né en Russie, qui avait libéré Kyiv des nazis, a été démoli. Il y a un an, beaucoup s’opposaient à cette décision. Maintenant, elle fait peu ou prou l’unanimité. Même à Odessa, qui avait la réputation d’être favorable à la Russie,